Perspectives sombres pour l’économie française

La fin d’année s’annonce très sombre pour l’économie, entre inflation galopante et croissance à l’arrêt.

 

Une inflation qui pourrait atteindre les 6,5 %, une croissance qui resterait figée à 0 %. La fin d’année s’annonce pour le moins difficile pour l’économie française selon les derniers chiffres publiés par l’Insee. Les contraintes observées depuis plusieurs mois vont ainsi se renforcer : problèmes d’approvisionnement, manque d’équipement, mais aussi parfois manque de personnel. Les difficultés de recrutement se situent en effet elles aussi à des niveaux inédits, dans un contexte de dynamisme récent de l’emploi salarié

Prix élevés

Les prix de production continuent d’augmenter dans l’industrie, et restent très élevés dans l’agriculture, et commencent à accélérer dans les service. En deux ans, entre juillet 2020 et juillet 2022, les prix de production ont ainsi augmenté d’un peu plus de 20 % dans l’industrie (hors énergie), et d’un peu plus de 35 % dans l’agriculture. Pour les services, moins directement exposés à la hausse des cours mondiaux, l’augmentation a été moindre (de l’ordre de +7 % entre le 2e trimestre 2020 et le 2e trimestre 2022), avec néanmoins de très vives augmentations par exemple pour le transport maritime et côtier de fret, dont les prix de production ont plus que doublé en deux ans.

Du côté de l’énergie enfin, les cours du pétrole ont reflué, sous l’effet des craintes de récession, même s’ils restent soutenus par les inquiétudes sur l’approvisionnement énergétique du fait des tensions géopolitiques. Ces dernières ont d’ailleurs fait récemment s’envoler les cours spot du gaz et de l’électricité sur les marchés européens. Les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises pointent des anticipations qui restent élevées pour les évolutions des prix de vente au cours des trois prochains mois

Inflation en hausse

Bien que nettement tempérée par les mesures de limitation des prix, l’inflation resterait élevée d’ici la fin de l’année En août 2022, les prix à la consommation en France ont globalement progressé (+0,4 % par rapport à juillet) selon l’estimation provisoire. L’évolution des prix au cours des prochains mois dépendra de plusieurs facteurs : les mouvements des cours internationaux de l’énergie et des matières premières, la valeur de l’euro sur le marché des changes, la vitesse et le degré de transmission des hausses passées des prix de production (y compris leur composante salariale) aux prix à la consommation, les politiques publiques de limitation des prix, en particulier ceux de l’énergie.

Le renforcement de la « remise à la pompe », conjugué au maintien du bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité, contribuerait à faire diminuer l’inflation énergétique en septembre-octobre. Cette remise serait ensuite de moindre ampleur en novembre-décembre et le glissement annuel des prix de l’énergie pourrait ainsi augmenter en toute fin d’année 2022. Le glissement annuel des prix à la consommation continuerait d’augmenter pour les biens manufacturés (environ +5 % sur un an prévu en décembre 2022) et surtout pour l’alimentation (environ +12 % prévu). Au total, l’inflation se stabiliserait un peu en dessous de 6 % sur un an en septembre-octobre, puis s’élèverait à environ 6,5 % en décembre. Les boucliers tarifaires et remises à la pompe contribueraient directement à atténuer l’inflation d’ensemble d’environ 2,5 points de pourcentage en septembre.

Aléas à craindre

Parallèlement, le pouvoir d’achat des ménages s’est nettement contracté pendant la première moitié de l’année : -1,6 % au 1er trimestre puis -1,1 % au 2e, même si la consommation s’est améliorée en août après 7 mois consécutifs de baisse. Elle s’est ainsi redressée modérément au 2e trimestre (+0,3 %), après son repli très marqué en début d’année (-1,2 %). Les services ont porté l’essentiel de ce rebond, notamment ceux d’hébergement-restauration, tandis que la consommation de biens a reculé à nouveau,

La croissance serait légèrement positive au 3e trimestre, mais l’activité ralentirait Une contraction du PIB au dernier trimestre n’est en effet pas exclue en cas d’accroissement des difficultés d’approvisionnement énergétique en Europe. Notre scénario central est donc celui d’une activité qui marquerait globalement le pas au dernier trimestre (0,0 % prévu). Les aléas susceptibles d’affecter cette prévision sont bien sûr importants, qu’ils soient géopolitiques, énergétiques voire aussi sanitaires (avec le risque d’une huitième vague de Covid-19), climatiques (avec les conséquences de la sécheresse) ou plus directement économiques (avec les conséquences du resserrement des politiques monétaires).

   

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