Les chiffres de l’Insee et de la Banque de France ne disent rien de bon pour le début de l’année et les mois à venir
Selon la Banque de France, après avoir progressé de 0,1 % au premier trimestre 2025, le PIB croîtrait à un rythme ralenti au premier semestre, avant d’accélérer légèrement au second semestre pour atteindre 0,6 % en moyenne annuelle en 2025, après 1,1 % en 2024. En 2025, l’activité serait soutenue par la demande intérieure, tandis que le commerce extérieur pèserait négativement sur la croissance. Celle-ci se raffermirait à 1,0 % en 2026 puis à 1,2 % en 2027, à la faveur d’un renforcement de la consommation et de l’investissement privé, puis des exportations.
Pour l’Insee, l’activité a à peine progressé (+0,1 %) au premier trimestre et les exportations, dépendantes des à-coups des secteurs aéronautiques et navals, ont plongé (-1,8 %). Alors qu’en 2023 et 2024, l’activité française avait plutôt mieux résisté (+1,6 % puis +1,1 %) que dans les autres pays européens, les moteurs tricolores s’essoufflent désormais : les dépenses publiques ralentissent et les exportations déçoivent malgré le retour de la demande adressée. L’investissement repart moins franchement qu’ailleurs en Europe : lestées par leur dette, les entreprises françaises ont pâti de la hausse des coûts de financement entre 2022 et 2024 qui a rogné leurs marges de manœuvre. Côté consommation, bien que leur pouvoir d’achat ait été mieux préservé qu’ailleurs, les ménages français dépensent au compte-gouttes : hors crise sanitaire, leur taux d’épargne a atteint, au premier trimestre, un niveau inédit depuis 45 ans. L’activité resterait fébrile jusqu’à la fin de l’année, sans décrocher (+0,2 % par trimestre) : les entreprises interrogées dans les enquêtes de conjoncture jugent toujours majoritairement leurs carnets de commandes inférieurs à la normale et le climat des affaires campe significativement en deçà de sa moyenne de long terme.
L’emploi resterait résilient, avec une hausse limitée du taux de chômage, associée à un moindre rattrapage des pertes de productivité passées. La situation financière des ménages (pouvoir d’achat), comme des entreprises (taux de marge), demeurerait globalement bien préservée, au prix d’une situation des finances publiques dégradée.
La fin de l’inflation galopante se confirme, mais la tension au Moyen-Orient pourrait avoir des conséquences sur les prix de l’énergie, avec un risque de reprise de la hausse de l’inflation.
Cheval de bataille de la Banque de France, le ratio d’endettement public continuerait de croître vers 120 % du PIB fin 2027 et de diverger par rapport à la moyenne de la zone euro.
Mai au ralenti
Le tout après un mois de mai difficile, au cours duquel l’activité a significativement reculé en mai, en raison principalement des congés et fermetures liés au positionnement des jours fériés. La Banque de France souligne que ceci vaut dans l’industrie et, dans une moindre mesure, dans les services marchands et le bâtiment. En juin, d’après les anticipations des entreprises, l’activité repartirait à la hausse dans les trois secteurs, et de manière plus nette dans l’industrie. L’effet de la hausse des droits de douane américains sur le volume de leur activité est ainsi régulièrement mentionné par les chefs d’entreprise de l’agroalimentaire (vins et spiritueux), de la chimie, du bois-papier-imprimerie et de l’habillement-textile-chaussure (entreprises du luxe). Pour certaines activités dans les services marchands, les entreprises déclarent également des répercussions indirectes, notamment dans la publicité et le travail temporaire.
L’Insee partage ces analyses de cet effet Trump. Anticipant un relèvement massif des droits de douane, les industriels du monde entier se sont hâtés d’expédier des marchandises : le commerce mondial a bondi de 1,7 %, tiré par l’impressionnante envolée des importations outre Atlantique (+9,3 %), qui a entraîné une contraction comptable de l’économie américaine (-0,1 %). À l’inverse, l’Europe a connu un regain d’activité, en particulier au Royaume-Uni (+0,7 %), en Allemagne (+0,4 %) et en Italie (+0,3 %), tout comme la Chine, où la croissance repose à présent à moitié sur le commerce extérieur. Les annonces américaines ont également amplifié la divergence de politique monétaire : d’un côté, les craintes d’une reprise de l’inflation conduisent la Fed à mettre son assouplissement en pause, de l’autre, la BCE a baissé ses taux à sept reprises sur les neuf derniers mois, le recul du cours du pétrole et l’appréciation de l’euro limitant la hausse des prix dans la zone. L’embellie du commerce mondial ne serait évidemment que temporaire. Malgré la mise en pause des « tarifs réciproques » annoncés le 2 avril, et même s’il est encore difficile de prévoir les décisions à venir, les droits de douane américains ont d’ores et déjà augmenté depuis le 1er avril, à un niveau inédit depuis la Seconde Guerre mondiale. Les premières données confirment un effondrement des importations américaines au printemps : le commerce mondial se replierait au deuxième trimestre (-0,7 %), puis resterait freiné au second semestre (+0,4 % par trimestre).
La situation financière des entreprises françaises continuerait de se dégrader en 2025, poursuit l’Insee. Elles pâtissent en effet de taux d’intérêt plus élevés pour les nouveaux crédits que ceux arrivant à échéance, et les plus grandes d’entre elles subiraient en outre en fin d’année le prélèvement fiscal exceptionnel de la loi de finances pour 2025.
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