L’horizon lointain de la sortie de crise

C’est une tendance qui se confirme, rien n’incite à l’optimisme pour les chefs d’entreprises.

Afin de mettre en lumière le moral et la situation des sociétés françaises au regard de l'environnement inflationniste qui touche la France et l’Europe, le Cabinet ARC a mené, avec l'IFOP, une étude sur la perception par les entreprises de leur avenir économique, le financement de leur trésorerie, leurs attentes, l’impact des retards de paiements.

Optimisme et inquiétudes mêlés

Malgré l’instabilité du contexte économique actuel, la moitié des entreprises interrogées (50%) mise sur le maintien à l'équilibre de leur activité et la part des entreprises en prévoyant la croissance au cours des 6 prochains mois (33%) est en nette augmentation par rapport à 2022 (23%).

Peu d’optimisme est néanmoins ressenti pour l’avenir : 88% d’entre elles pensent que la situation économique française ne s’améliorera pas au cours des 6 prochains mois. Par ailleurs, si 47% prévoient un délai d’un à deux ans pour effacer les effets des différentes crises subies sur leur santé financière, elles sont une majorité (50%) à ne pas l’envisager avant 3 à 5 ans voire davantage, dans un contexte où le coût de l’énergie (64%), l’inflation (63%) et le recrutement (59%) sont parmi les principales difficultés qu'elles rencontrent.

Plus de 7 entreprises sur 10 pensent également que la conjoncture actuelle va freiner les opérations d'investissement. *

Un environnement ressenti comme à risques

Alors que 60% des entreprises estiment que les dirigeants des TPE/PME ne sont pas suffisamment accompagnés juridiquement pour prévenir et gérer les difficultés financières de leur société (procédures de mandat ad hoc, conciliation, redressement judiciaire simplifié, etc.), près de 7 entreprises sur 10 (68%) pensent que la situation économique actuelle va entrainer une augmentation du nombre de dépôts de bilan de leurs clients.

Plus de 40% pensent que ces derniers ne seront pas en mesure de faire face au remboursement de leurs créances (PGE, dettes sociales, investissements, factures, ...).

Les délais de paiement, variable d’ajustement des besoins en trésorerie

On constate que les retards de paiement sont passés en moyenne de 12 à près de 15 jours. Un résultat qui vient assez logiquement corroborer une crainte déjà exprimée l’an dernier : 83% des entreprises interrogées (+3 points par rapport à septembre 2022) pensent que les délais de paiement risquent de devenir une variable d’ajustement, et donc d'augmenter. En témoigne le fait que les entreprises déclarent en majorité (50%) avoir recours à un allongement du délai de paiement de leurs fournisseurs alors qu’elles ne sont que 13% à utiliser leur découvert bancaire. Les délais de paiement sont donc pleinement considérés comme un moyen de financement à part entière. Or, la conséquence de leur allongement pourrait s’avérer nuisible pour le tissu économique puisque, comme le mentionne la quasi-totalité des entreprises interrogées (93%), le non-respect des délais de paiement met en danger la santé des entreprises pouvant conduire au dépôt de bilan.

Les entreprises comptent sur les banques mais voient leur désengagement

Le prêt bancaire reste, à 40%, le moyen de financement considéré comme le plus efficace pour une entreprise rencontrant des besoins de trésorerie, très loin devant les dernières aides d’Etat potentielles (6%). Des résultats à mettre en miroir avec les inquiétudes grandissantes des dirigeants. Alors que, parmi les raisons expliquant les difficultés à recouvrer leurs créances, les entreprises continuent de citer très largement, à 45% (en hausse de près de 3 points par rapport à 2022), la détérioration de la trésorerie de leurs clients, elles sont plus de 7 sur 10 (76%) à penser que les banques se désengagent vis-à-vis des TPE/PME qui n'auront pas encore remboursé leur PGE.

Elles sont par ailleurs 62% à constater le désengagement des assureurs-crédit. L'affacturage reste, quant à lui, identifié (84%) comme une solution de financement trop couteuse et donc peu voire pas rentable.

Notation des délais de paiement, solutions et transparence clairement attendues

Le non-respect des délais de paiement est largement identifié comme une mise en danger de la santé financière des entreprises. Aussi, les réduire est un enjeu économique majeur. Dans ce contexte, parmi les solutions existantes, celles considérées comme les plus efficaces par les sociétés sont : la dématérialisation des factures (56%), les amendes administratives plafonnées à 2 millions d’euros ainsi que leur publication systématique (43%) et la transmission des attestations de délais de paiement par le commissaire aux comptes au Ministère chargé de l’économie pour tous les exercices ouverts depuis 2016 en cas de manquements significatifs (31%).

de nouvelles pistes sont envisagées et les entreprises sont nettement en faveur de la prise en compte des délais de paiement dans les notations financières des agences (81%), la création d’une notation des délais de paiement permettant de connaitre les habitudes de règlement d'un futur partenaire, avant de s’engager commercialement (80%), leur intégration comme donnée obligatoire du rapport RSE (66%), la réduction du délai maximal de paiement de 60 à 30 jours (56%), en nette hausse par rapport à septembre 2022 (47%), la publication des amendes sur les bases d’annonces légales (exemple : Infogreffe) à 55%, l’obligation de déclarer les retards de paiement sur une plateforme mise à disposition par le Ministère en charge de l’économie (55%), également en hausse par rapport à il y a un an (46% en septembre 2022).

La crainte d'un non paiement de la part du secteur public perdure

55% des PME déclarent refuser de répondre aux appels d'offres émis par le secteur public par crainte de ne pas être payées ou de subir des délais de paiement trop longs.

   

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