Les seniors, ces oubliés

L’étude « Les Seniors et l’Emploi » révèle qu’il reste beaucoup à faire avant d’intégrer pleinement les salariés les plus âgés dans le monde économique.

La France est en retard en matière d'emploi des seniors : elle reste toujours à plus de 5 points en dessous de la moyenne européenne.

En septembre dernier, une étude publiée par la Dares a ainsi révélé que seuls 57% des 55 à 64 ans disposent d'un emploi, contre 62,4% en moyenne au niveau européen.

Non seulement le chômage est élevé, mais les dernières années de vie professionnelle sont souvent compliquées à vivre parce que dans les deux cas on note une forte discrimination par l'âge.

L'étude "Les Seniors et l’Emploi en 2023" permet d'aller plus loin dans la compréhension de ces phénomènes à fort impact humain et complexes à bien des égards.

Elle a été réalisée auprès d'un large panel de seniors (plus de 1 500 répondants de plus de 50 ans), tous membres de seniorsavotreservice.com ou du panel de l’Institut Français des seniors.

Riche de leurs expériences et de leurs réponses, cette grande enquête livre de précieux outils d'analyse et de connaissance. « À travers cette étude, nous avons voulu croiser les regards dans une approche pluridisciplinaire (psychologique, économique, sociologique) pour aller en profondeur et comprendre la réalité des vécus et des ressentis, au-delà de la surface des choses », relatent Valérie Gruau (Fondatrice de www.seniorsavotreservice.com) et Hervé Sauzay (Président Institut Français des Seniors)

LEUR VIE DE TRAVAIL : un engagement fort, une valeur cardinale pour les seniors

75% des 50-64 ont travaillé plus de 10 ans chez le même employeur et ce pourcentage monte à 90% chez les plus anciens, signe d'une grande fidélité et d'un engagement fort.

Ils sont d'ailleurs des salariés disciplinés et motivés, qui se rejoignent sur des valeurs telles que le travail bien fait, le respect des consignes, l'esprit de corps et le travail en équipe, le dépassement de soi, l'implication, et la transmission de son savoir-faire.

A quel âge est-on senior dans l’entreprise ? Autour de 50 ans répondent-ils.

Toutefois, la guerre des générations n’aura pas lieu ! 80% des répondants sont d’accord avec le fait que les plus jeunes apportent de nouveaux points de vue utiles et ils sont autant à vouloir transmettre leurs savoirs.

LEUR RAPPORT AU CHÔMAGE : fortement touchés, souvent discriminés, mais résistants

Chez les 50-64 ans, 7 seniors sur 10 ont connu une période de chômage, le plus souvent de longue durée (2,2 ans en moyenne) et en fin de carrière. Car désormais, passer par la "case" chômeur devient presque la règle avant d'atteindre la retraite. Ainsi, la fin de la vie professionnelle a lieu en réalité à 59 ans.

C'est pour cela qu'ils sont prêts à faire beaucoup d'efforts pour trouver un emploi, changer de métier, se former et 8 sur 10 accepteraient même une baisse de rémunération.

Pourtant, cela ne semble pas suffisant pour changer la donne, car les 3/4 des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans indiquent avoir ressenti une discrimination due à leur âge, dont la moitié systématiquement.

Cette situation est d'autant plus dure à vivre que les seniors se sentent seuls face au chômage : 84% ne sont pas accompagnés dans leur recherche en dehors de Pôle Emploi ou de l'APEC.

LES FINS DE CARRIÈRE, LA TRANSITION EMPLOI-RETRAITE : un moment difficile et mal géré

Seulement 3 sur 10 ont bénéficié d'un point de carrière et, parmi ceux qui y ont eu accès, seuls 14% se sont vus proposer une formation. Les rendez-vous de carrière semblent plus orientés vers la retraite que vers l'organisation de la fin de vie professionnelle.

De même, alors qu'il y a une forte demande d'une transition douce et progressive entre le travail et la retraite, seulement 13% se sont vus proposer le passage à temps partiel et 1 sur 2 ne savent pas que la retraite progressive existe. 1 sur 2 n'a pas eu droit à un pot de départ.

LE PASSAGE A LA RETRAITE : il s’est bien passé

La moitié des seniors actifs interrogés veulent partir à la retraite à l’âge prévu, les autres se répartissent en deux parts égales entre :

  • Ceux qui veulent partir avant, en raison de la fatigue/pénibilité au travail ou parce que leur poste ne correspond plus à leurs attentes.
  • Ceux qui veulent partir après, essentiellement pour des raisons financières ou de l'envie d’être utile et considéré.

3 sur 4 disent que leur passage à la retraite s’est bien passé, dont 1/4 pour qui ça s’est même mieux passé que prévu. Cependant, pour 1 sur 10, il a été vécu comme un moment brutal.

LE CUMUL EMPLOI RETRAITE : une vraie demande, une nécessité pour certains

3/4 des seniors actifs envisagent un Cumul Emploi Retraite. Si seulement 12% des retraités l’ont fait actuellement, la tendance est à la hausse (+ 65% en 10 ans, 580 000 cumulaient emploi et retraite en 2021 selon la CNAV).

Pourquoi ce choix de vie ? 3 grandes raisons :

  • 84% pour avoir un complément de revenus. Comme on le sait, on perd à la retraite un tiers de ses revenus. De plus, de nombreux jeunes retraités sont aidants familiaux et ont ainsi une plus grande charge financière à assumer.
  • 70% pour se sentir utile.
  • 68% l’ont aussi choisi pour rester actif.
  • En moyenne, un cumul emploi retraite rapporte en plus entre 650 et 1 000 € (montant moyen de la retraite : 1 532 €) et est pratiqué sur un petit mi-temps pendant deux ans.

 

   

Commentaires

Aucun commentaire

Ecrire un commentaire

Pour écrire un commentaire vous devez vous connecter à votre compte.

Si vous n'avez pas encore de compte nous vous invitons à vous inscrire gratuitement.

A lire