Les (derniers ?) vœux de Bruno Le Maire

C’était hier à Bercy, celui qui était encore Ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, présentait ses vœux au monde économique. Pourra-t-il mettre en œuvre le programme et la volonté énoncés dans son discours, les prochaines heures le diront…

Dans son vaste tour d’horizon de la situation économique de la France, devant un parterre de patrons et de journalistes, on retiendra la volonté exprimée de simplification. « Contre les doutes des entrepreneurs, je ne vois qu’une seule réponse : la simplification. Nous devons vous simplifier la vie. Notre objectif est double : une vague massive de simplification et une transformation du rapport entre administration et entreprises. Notre administration doit changer son rapport avec les entrepreneurs. Elle ne doit plus être face à eux, mais avec eux, elle doit se mettre à la place des TPE, des entrepreneurs face aux difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. L’administration ne doit pas sanctionner, elle doit servir, se mettre à la pleine et entière disposition de ceux qui créent la richesse et les emplois du pays ». On est tenté de dire « il va être temps d’y penser », et surtout s’interroger sur la méthode à mettre en place. La lourdeur de l’administration, les habitudes ancrées, l’amour pour les lois et les normes, tout cela ne sera pas balayé en quelque temps. Il conviendrait d’envoyer des signaux forts et rapides pour convaincre que la maladie mortelle de l’étouffement par la norme ne continue à peser sur la bonne volonté des entreprises.  

Plus de travail, oui, mais comment ? 

Bruno Le Maire l'apôtre de la valeur travail : « Contre la crainte du déclassement économique qui touche beaucoup de nos compatriotes, je  ne connais qu’une seule réponse : plus de travail. Nous avons beaucoup de prestations et peu de cotisants. Ce déséquilibre fait peser un risque majeur sur le financement de notre modèle social et un risque politique majeur, car les Français qui travaillent acceptent de moins en moins de travailler pour les Français qui ne travaillent pas ». Sa réponse est celle du plein emploi, « qui ne pourra être atteint à modèle social constant ». On entend cette volonté, celle de remettre en cause certains totems du modèle français, mais s’appuyer sur le plein emploi, alors que le taux de chômage repart à la hausse et que l’inadéquation entre l’offre et la demande reste un problème insoluble, parait relever du vœu pieux. Le ministre entend prendre à bras le corps la question des seniors : « Qui peut accepter que le taux d’emploi des plus de 55 ans soit 15 à 20 points inférieurs à celui d’autres grandes nations européennes. Qui n’est pas révolté par ce scandale social et humain ? Je compte donc sur tous les entrepreneurs à faire preuve de la plus grande ambition pour l’emploi des plus de 55 ans, car il faut que nous livrions ce combat ensemble ». Comme toujours, ce sont vers les entreprises qu’on se tourne, sans vraiment leur offrir les moyens de mener cette politique. « Un autre combat, pour la juste rémunération des salariés et contre les prix élevés. Je souhaite que nous menions à terme la réflexion qui a été ouverte sur les allégements de charges pour lutter contre la smicardisation de notre société. Nous devons recréer une dynamique des salaires en France pour créer un espoir par le travail », a poursuivi Bruno Le Maire.

Il s’est fait aussi le chantre de la réindustrialisation, autour de « la décarbonation de notre industrie, la baisse des impôts de production et la protection de nos intérêts européens », avec la volonté affirmée de  « rouvrir des chaines de valeur sur les pompes à chaleur, les batteries électriques, les éoliennes, les panneaux photovoltaïques ». Il a affirmé son engagement en faveur de la baisse des impôts de production.

La révolution ambivalente de l'IA

Bruno Le Maire est relativement convaincant sur cette question, il l’est beaucoup moins quand il évoque « la réduction de la dépense publique, le désendettement accéléré de la Nation, la tenue rigoureuse des comptes publics », alors que celui-ci ne cesse de se creuser et que le dernier budget de la Nation ne présente aucune trajectoire à long terme sur cette question pourtant essentielle.

Autre point sur lequel le Ministre a longuement insisté, l’Intelligence Artificielle : « comme toute révolution, elle est ambivalente, elle représente d’un côté un risque majeur de dépossession des individus par les algorithmes de massification de la pensée, et donc elle peut servir les régimes autoritaires, mais elle nous donne aussi une opportunité unique pour améliorer notre productivité et diffuser plus largement la croissance. Nous voulons que la France devienne le pays leader de l’intelligence artificielle au XXIe siècle ». C’est bien, d’autant plus que la France a été incapable de produire des géants industriels et numériques pouvant peser dans les dernières innovations technologiques. Mais le chemin pris pour l’instant n’est pas porteur d’espérances, la France a déjà du retard et n’est pas, actuellement, en mesure de le rattraper, par manque de déterminisme.

Mais « 2024 sera une année de toutes les opportunités pour la France. Il faut les saisir. Dans notre monde, il n’y a place que pour la clarté, la détermination, et la force d’âme. Notre économie a tout pour s’imposer comme l’une des grandes économies décarbonnées et innovantes du XXIe siècle », a conclu Bruno Le Maire, qui aura, lui aussi, peut-être de nouvelles opportunités de carrière à saisir.  

   

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