L’effondrement de la compétitivité française

Les indicateurs de la compétitivité de la France, déjà en recul en 2020, poursuivent leur dégradation en 2021

Dans son 15ème bilan annuel sur la compétitivité française, Rexecode (« centre de recherche pour l’expansion de l’économie et le développement de l’entreprise ») constate une nouvelle dégradation des indicateurs de compétitivité en 2021, après un recul en 2020, en rupture par rapport aux signes de stabilisation observés dans le prolongement des mesures du milieu des années 2010. Le redressement de la compétitivité de la France devrait rester une priorité de la politique économique du prochain quinquennat.

Record de déficit commercial

Le déficit commercial des échanges de marchandises (source douanière) de la France a atteint un niveau record de 85 milliards d’euros en 2021 (vs. 65 milliards d’euros en 2020), se creusant de près de 27 milliards d’euros par rapport à l’avant-crise (2019). Le déficit de la balance énergétique est légèrement inférieur en 2021 à son niveau d’avant-crise. La dégradation est imputable aux produits manufacturés (matériels de transport, biens d’équipement, produits pharmaceutiques...).

La part des exportations françaises de biens et services par rapport au même secteur de l’ensemble des pays de la zone euro continue de diminuer, passant de 14,5 % en 2019 à 13,7 % en 2020 et 13,6 % en 2021 – soit un recul de 1,9 point par rapport à 2019. Elle est en 2021 à son niveau le plus bas depuis 2000. Ce recul concerne la quasi-totalité des catégories de produits manufacturés. Si la France avait conservé ses parts de marché à l’exportation de biens dans la zone euro de 2019 , ses recettes d’exportations auraient été supérieures de 51 milliards d’euros en 2021 (soit environ 2 points de PIB).

Ni l’effet de spécialisation, ni les contraintes liées à la crise sanitaire, ni l’évolution des prix à l’exportation (qui n’augmentent pas plus que la moyenne dans la zone euro) ne semblent expliquer la contre-performance française par rapport à ses concurrents européens.

Le poids de la désindustrialisation

La France renoue avec deux caractéristiques de la dégradation de la compétitivité observée dans les années 2000 : d’une part, le parallélisme entre perte de parts de marché à l’exportation et désindustrialisation relative ; d’autre part, le caractère quasi-généralisé des pertes parts de marché par catégories de produits.

Les réformes adoptées au début du quinquennat actuel portaient moins sur la compétitivité-coût. Elles privilégiaient l’objectif d’attractivité (rapprochement de la fiscalité du capital de celles des pays européens, réforme du droit du travail), mais les indicateurs quantitatifs de l’attractivité de la France n’indiquent cependant pas encore au stade actuel une amélioration significative sur les dernières années. Rexecode observe en effet que la part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière française dans celle de l’ensemble des pays de la zone euro diminue, passant de 14,7 % en 2019 à 14,2 % en 2020 et 13,9 % en 2021. Les pertes de parts de marché à l’exportation apparaissent ainsi fortement corrélées avec la désindustrialisation relative de la France par rapport à la moyenne européenne (et notamment relativement à l’Espagne et à l’Italie).

Les efforts à accomplir

Le recul actuel et le risque d’une dérive structurelle montrent que la problématique de la compétitivité doit rester une priorité de la politique économique. Au-delà de l’amélioration nécessaire des formations initiale et professionnelle et du relèvement des compétences en France (jugées médiocres voire mauvaises dans les classements internationaux) afin d’améliorer la compétitivité hors-prix, il est essentiel de poursuivre l’amélioration de la compétitivité-coût, notamment en prolongeant l’effort de baisse des impôts de production – ce qui implique d’enrayer la dérive des dépenses publiques – ainsi que d’augmenter la durée du travail annuelle et tout au long de la vie.

Par ailleurs, le développement d’un tissu industriel innovant sur le territoire français nécessite une orientation plus importante de l’épargne privée vers l’investissement productif et donc vers le financement en fonds propres des entreprises de croissance. Rexecode rappelle à cet égard sa proposition de créer des fonds d’investissement à capital garanti.

   

 

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