Le vrai état de l’économie française

Inflation difficilement contenue, pouvoir d’achat en berne, investissement stoppés, emploi au ralenti. L’économie française ne montre aucun signe de convalescence et de sortie de crise.

Aucun signe vraiment positif dans la dernière note de conjoncture de l’Insee. Tous les indicateurs montrent une économie française toujours engluée dans une sortie de crise dont on ne voit pas la fin.

L’Insee annonce une inflation annuelle de 5,1 %, grâce à la baisse des prix des produits pétroliers cette année. Elle devrait descendre à 4,4 % sur l’année 2023. Les indices des prix restent de 15 à 20 % plus élevés qu’en 2019. Et ce qui touche au cœur du portefeuille des Français, à savoir l’alimentation, est toujours dans de très hautes sphères : + 14 % sur un an. On peut penser que les récentes baisses des prix de production agricole pourront avoir un effet positif, mais celui-ci ne se fera pas ressentir avant plusieurs mois. L’inflation va continuer à peser singulièrement sur le moral des Français et sur les choix économiques des ménages. On peut ainsi légitimement s’interroger sur la réussite de la saison touristique à venir.

D’ailleurs rien n’encourage à puiser dans son portefeuille : l’évolution du pouvoir d’achat sera de … 0 % en 2023. Après une baisse de – 0,4 % en 2022, on constate que les Français ont de moins en moins de moyen de faire face aux dépenses quotidiennes. Même si le salaire moyen continue d’augmenter (+ 5,1 %), ce qui, au passage pèse lourdement sur les taux de marge des entreprises.

Moral et confiance en berne

Autre indicateur montrant que l’économie française est souffreteuse, la croissance demeure « hésitante », selon le qualificatif de l’Insee. Elle devrait péniblement atteindre + 0,6 % cette année. Depuis l’effondrement de 2020 (- 7,7 %), on peut voir qu’elle ne cesse de diminuer. L’année de rattrapage de 2021 (+6, 4 %) a été suivie d’un faible + 2,5 % en 2022, avant donc une quasi-stagnation cette année. Que ce soit la consommation des ménages, qui a fléchi au printemps et ne devrait que très légèrement rebondir cet automne ou l’investissement des entreprises, « qui rebondirait ponctuellement au deuxième trimestre, à la faveur notamment du renouvellement des flottes de véhicules professionnels, puis il marquerait le pas », ou des exportations toujours à la traîne, hors secteur aéronautique, aucun acteur ne parvient à tirer l’activité vers le haut.

Ce n’est donc pas un hasard si depuis plusieurs mois, le climat des affaires (c’est-à-dire l’état d’esprit dans entrepreneurs) en France s’érode, selon les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises. Les dernières données disponibles, relatives au mois de mai 2023, montrent une accentuation de cette tendance, dans tous les secteurs et en particulier le commerce de gros. « Cet assombrissement reflète notamment des inquiétudes un peu plus marquées s’agissant de la demande », commente l’Insee. L’indicateur de confiance des ménages dans la situation économique reste aussi très dégradé : il ne s’est jamais vraiment redressé depuis le printemps 2022.

Quant à l’emploi, dont le dynamisme était à noter au débit de l’année, il pourrait ralentir d’ici la fin de l’année, en raison de la progression modeste de l’activité économique. Au total, fin 2023, le nombre net d’emplois créés sur un an atteindrait 175 000, contre 445 000 fin 2022. La population active augmenterait également plus modérément en 2023 qu’en 2022, compte tenu d’une dynamique moins soutenue des contrats en alternance et malgré les premiers effets de la réforme des retraites à partir de septembre. Le ralentissement conjoint de l’emploi et de la population active conduirait à une stabilité du taux de chômage (à 7,1 % de la population active) jusqu’à la fin de l’année 2023.

La France n’est évidement pas la seule à souffrir, même si « l’économie mondiale apparaît à la mi-2023 moins contrainte qu’il y a un an par les conséquences directes des chocs survenus ces dernières années ». Les restrictions sanitaires ont ainsi été complètement levées en Chine. Les chaînes d’approvisionnement dans l’industrie sont désormais moins perturbées. Les cours de l’énergie et ceux de nombre de matières premières ont nettement reculé par rapport aux sommets atteints au printemps 2022.

Manque d’impulsion

Cette normalisation progressive des conditions de production n’est toutefois pas exempte d’interrogations et d’incertitudes. Le ralentissement de la production en Chine est flagrant, et la croissance ne devrait être que de 5 % cette année, ce qui est peu pour ce pays. L’activité américaine perd quant à elle progressivement de son dynamisme. En Europe, la baisse des cours de l’énergie peut tarder à bénéficier à certaines entreprises, compte tenu d’engagements contractuels parfois fixés antérieurement.

Les économies occidentales font donc face tout à la fois à une inflation qui reste relativement élevée et aux premières conséquences des resserrements monétaires décidés par les banques centrales pour la juguler. L’inflation élevée pèse sur la consommation des ménages, tandis que les taux d’intérêt élevés pèsent sur l’investissement des entreprises comme des ménages. En particulier, le marché immobilier s’est récemment retourné dans nombre de pays occidentaux.

D’ici la fin de l’année 2023, l’activité économique au sein de la zone euro progresserait donc modestement, faute d’impulsion marquée de la demande intérieure. En moyenne annuelle, les contrastes entre les pays européens s’expliqueraient par plusieurs facteurs : les croissances espagnole et italienne bénéficieraient encore de leur potentiel de rattrapage en matière d’investissement, avec un fort soutien budgétaire européen. À l’inverse, l’activité allemande apparaît comme la plus exposée aux chocs qui ont affecté l’industrie. La croissance française se situerait quant à elle dans une position intermédiaire. De son côté, l’économie britannique resterait bridée tout à la fois par l’inflation élevée et par des problèmes d’approvisionnement

   

 

 

 

 

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