Le commerce asphyxié

Entre la hausse des loyers, les remboursements de PGE et les violences lors des manifestations, de nombreux commerçants ne peuvent plus faire face.

Après des soldes d’hiver qui n’ont pas vraiment connu de succès pour la très grande majorité des participants, c’est au tour de la hausse de l’indice des loyers commerciaux qui vient frapper les commerçants : + 6,29% sur douze mois, signe que le temps du plafonnement à + 3,5 % est bien fini.

« Plafonnement général des loyers »

Tout ceci dans un contexte où les récentes liquidations d’enseignes ont déjà entraîné la perte de plus de 3 000 emplois et les procédures judiciaires en cours menacent plus de 3 500 emplois. « Une augmentation inconsidérée des loyers telle que celle générée par l’indexation actuelle n’est pas supportable d’autant qu’elle s’ajoute à tous les autres éléments de fragilisation du compte d’exploitation de chaque commerce, de chaque magasin. Une telle situation réclame la mise en œuvre d’un plafonnement général de l’indexation des loyers commerciaux à + 3,5 % pendant au minimum une année supplémentaire », expliquent plusieurs fédérations de commerçants dans un récent communiqué de presse, rappelant que le loyer et les charges immobilières représentent jusqu’à 20 % du chiffre d’affaires d’un commerce.  D’autant plus la fin du report du remboursement des PGE cumulée à l’explosion des coûts de l’énergie et à l’inflation, va considérablement impacter la capacité d’autofinancement des commerçants indépendants.

En plus de ces difficultés, viennent s’ajouter les violences qui accompagnent les manifestations contre la réforme des retraites. Parmi d’autres, la Fédération Nationale de l’Habillement tire la sonnette d’alarme.  « Les débordements imposent aux professionnels de fermer leurs boutiques pour éviter les dégradations et les différentes manifestations spontanées les empêchent de pouvoir s’organiser en amont », constate la FNH, qui demande aux pouvoirs publics de prendre en compte l’activité des commerces lors de l’organisation des manifestations tout en garantissant la salubrité de la voie publique.

« Risque de dépôts de bilan »

Même son de cloche du côté de la Fédération des Associations de Commerçants et Artisans Parisiens. Son président, Thierry Veron, explique : « Nous n’avons plus la capacité d’absorber les crises. Le commerce parisien rentre dans une phase critique inédite, cette fois-ci asphyxié par les ordures, les grèves et les saccages. L’annonce de la fin du mouvement de grève des éboueurs est un soulagement, mais le mal est fait avec de graves répercussions économiques ». Les répercussions des actions contre la réforme des retraites a pour conséquences la fuite des clients et une perte de chiffres d’affaires dépassant les 50 % pour de nombreux commerçants, voire de 100% pour ceux situés dans les zones des cortèges. « Nous sommes dans la 5ème année successive de crises. Les commerçants ne peuvent désormais plus puiser dans des réserves qui sont à sec afin de se maintenir financièrement à flot. Le risque de dépôts de bilan n’a jamais été aussi élevé dans la capitale ».

Face à l’urgence de la situation, la FACAP demande à la préfecture de police le déplacement des manifestations le week-end en dehors des zones et rues commerçantes et  la mise en place d’agents de sécurité statiques devant les vitrines pour leur protection. A la mairie de Paris, elle exige le remboursement de la taxe des ordures ménagères au regard du préjudice subis et l’ouverture des commerces du dimanche jusqu’à la fin des JO 2024 pour pallier la perte de chiffre d’affaires.

« La liberté de commercer »

CCI France est sur la même longueur d’onde, rappelant que le commerce de proximité représente 634 000 entreprises pour 3,5 millions d’emplois. « Le réseau des CCI demande la liberté de commercer et de circuler. Les blocages et les manifestations ne doivent pas mettre en danger les commerçants et dégrader leur activité alors même qu’ils font preuve depuis plusieurs années de courage, d’adaptation et de résilience » alerte Alain Di Crescenzo, le président de CCI France. « Les commerces de proximité sont indispensables pour assurer les besoins essentiels de la population, mais aussi pour maintenir le lien social et la vie dans nos territoires. Ils l’ont à nouveau prouvé ces dernières années. Le secteur est confronté à de profondes mutations. Ce n’est pas le moment de le pénaliser, il faut au contraire l’accompagner », conclut Alain Di Crescenzo. 

   

 

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