Des tensions sur la reprise économique

Plusieurs indicateurs montrent que la reprise économique mondiale connait des ralentissements, que les inquiétudes sanitaires risquent d'aggraver

La reprise économique mondiale se poursuit, mais les points de vigilance deviennent plus saillants, qu’il s’agisse des tensions inflationnistes ou du retour de l’incertitude sanitaire, analyse la Banque de France. Ainsi, l’économie américaine a rebondi plus vite que celle de la zone euro, à la faveur de soutiens budgétaires encore plus massifs, mais elle connaît maintenant le revers de sa médaille avec une inflation plus élevée. La reprise chinoise est freinée, à l’inverse des États-Unis, par une demande intérieure atone et une stratégie sanitaire plus restrictive. Au Royaume-Uni, la hausse des difficultés de recrutement – que connaissent la plupart des pays occidentaux – est accentuée par le Brexit, et les échanges extérieurs demeurent très dégradés.

Dans les principales économies de la zone euro, la reprise a été nette pendant l’été. La France a retrouvé globalement son niveau d’activité d’avant-crise (quatrième trimestre 2019) dès le troisième trimestre 2021, tandis que les PIB allemand et italien s’en rapprochaient, à environ 1 point. L’économie espagnole est restée davantage pénalisée, à plus de 6 points sous son niveau d’avant-crise.

La croissance se tasse

Les dernières enquêtes de conjoncture demeurent globalement favorables en Europe, mais elles ont pour partie été collectées avant la résurgence des inquiétudes sanitaires. En fin d’année, la croissance se tasserait dans la plupart des pays. Le potentiel de rattrapage apparaît en effet désormais de moindre ampleur (sauf en Espagne) et les difficultés d’approvisionnement, très fréquemment signalées dans les enquêtes, continuent de peser sur l’industrie. Par ailleurs, l’incertitude sanitaire est susceptible de différer la poursuite de la reprise dans certains services, comme le suggèrent les données issues des requêtes sur les moteurs de recherche.

Prévisions 2022 pour la France

Quant aux prévisions pour la France jusqu’au deuxième trimestre 2022, elles ne peuvent s’effectuer qu’en faisant l’hypothèse qu’à cet horizon, les restrictions sanitaires ne se durciraient pas davantage, ne pesant qu’à la marge sur le dynamisme de la reprise au niveau macroéconomique, et que les difficultés d’approvisionnement persisteraient en partie, ne se dissipant que lentement. Dans ce contexte, le rebond de l’économie française se poursuivrait, au rythme de +0,5 % au quatrième trimestre 2021, +0,4 % au premier trimestre 2022 et +0,5 % au deuxième. Au printemps 2022, le PIB français se situerait alors à 1,4 % au-dessus de son niveau d’avant-crise. La croissance française serait surtout portée par les services marchands, et dans une moindre mesure par l’industrie. Le rebond de certains services très affectés en 2020-2021 par les mesures d’endiguement de l’épidémie, comme le tourisme international, resterait néanmoins hésitant, du fait du contexte sanitaire.

La consommation des ménages retrouverait au premier semestre 2022 son niveau d’avant-crise, tandis que l’investissement des entreprises, qui dépasse déjà le sien, ralentirait après sa très vive progression en 2021.

Les exportations demeureraient certes en retrait par rapport à leur niveau d’avant-crise, mais progresseraient nettement au quatrième trimestre 2021 puis au deuxième trimestre 2022 à la faveur d’importantes livraisons navales.

Après son très vif rebond, l’emploi continuerait de progresser mais en ralentissant, à l’image de l’activité économique. Le taux de chômage baisserait à 7,8 % de la population active au quatrième trimestre 2021, et diminuerait progressivement au premier semestre 2022 jusqu’à 7,6 %.

Nul en décembre 2020, le glissement annuel des prix à la consommation a atteint 2,8 % en novembre 2021 en France, sous l’effet principalement des prix de l’énergie. Sous l’hypothèse conventionnelle de stabilisation des prix du pétrole et des matières premières, l’inflation resterait supérieure à 2,5 % au premier semestre 2022, mais sa composition évoluerait quelque peu : la contribution de l’énergie diminuerait, tandis que celle des produits manufacturés augmenterait, reflétant avec retard la très vive hausse des prix de production de l’industrie (+14 % sur un an en octobre 2021).

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