Coup de froid sur les TPE

Il n’y a pas que la météo qui fait frissonner. L’activité des TPE-PME en 2024 anticipe elle aussi des températures négatives

L’activité des TPE-PME a accusé un net ralentissement en 2023, alors que les contraintes de demande s’intensifient, selon la dernière enquête Bpifrance. Le ralentissement est inégal selon les secteurs d’activité et la taille des entreprises. En particulier, les TPE (moins de 10 salariés) font part d’une baisse de leur CA quand l’activité des grosses PME se montre encore dynamique. Au-delà de l’activité, les indicateurs sont dans l’ensemble en dégradation mais il reste quelques lueurs d’espoir : l’emploi ralentit mais est moins affecté que l’activité ;  la situation financière des TPE-PME s’est légèrement détériorée en cours d’année mais reste à un niveau confortable ; l’investissement poursuivrait son ralentissement en 2024 mais il serait plutôt bien orienté dans l'industrie.  

Le solde d’opinion sur les perspectives d’activité pour l’année à venir poursuit sa baisse (−2 points sur un an à +4) et s’éloigne ainsi encore de sa moyenne de long terme (+17). Les perspectives d’activité s’assombrissent encore dans la Construction, ainsi que dans les Transports, secteurs déjà les plus affectés en 2023. L’indicateur prévisionnel d’activité chute de respectivement 13 et 11 points par rapport à novembre 2022 (prévisions pour l’année 2023) à −16 et −12, des niveaux très inférieurs à leur moyenne de long terme et à ceux observés dans les autres secteurs. L’indicateur prévisionnel d’activité se stabilise à l’inverse dans les autres secteurs (+/−1 point) et demeure supérieur à son niveau moyen de long terme dans le Tourisme.

Les perspectives d’activité sont moins bien orientées que l’an passé quels que soient la taille ou le caractère exportateur de l’entreprise. Les dirigeants de TPE-PME innovantes sont plus optimistes (stabilisation de l’indicateur prévisionnel d’activité contre −4 points pour les non-innovantes).

Les TPE-PME sont peu confiantes sur l’évolution future de leur trésorerie

Le solde d’opinion sur la trésorerie des 6 prochains mois recule de 7 points sur le semestre à −12, un niveau largement inférieur au niveau moyen de long terme (−4). Il gagne toutefois 3 points par rapport à fin 2022, au cœur de la crise énergétique, et partant d’une situation de trésorerie jugée encore confortable fin 2023. Le solde d’opinion s’inscrit en baisse sur le semestre dans l’ensemble des secteurs. En 2024, la rentabilité des TPE-PME est attendue meilleure qu’en 2023 mais resterait plus faible qu'avant crise. Le solde d’opinion sur l’évolution future de la rentabilité reste à un niveau encore très éloigné de sa moyenne de long terme malgré une amélioration sur un an (+5 points à −4, contre +5 en moyenne entre 2000 et 2022)

Les dépenses d’investissement seraient moins dynamiques qu’au cours des dernières années. 50 % des dirigeants comptent investir en 2024, une proportion proche de ce qui était observé avant crise (51 % en novembre 2018 pour l’année 2019). Le solde d’opinion sur l’évolution anticipée des montants investis perd 1 point et s’établit, à +10, en-dessous de sa moyenne de long terme (+13). L’investissement résisterait dans l’industrie. Les TPE-PME industrielles seraient les plus nombreuses à investir en proportion, et davantage que l’an passé (63 % contre 60 % en 2023 prévu fin 2022) et qu’avant crise. Le solde d’opinion sur l’évolution des montants investis reste stable à un niveau inférieur mais proche de sa moyenne de long terme.

Sur 2023, 27 % des chefs d’entreprise font part d’une baisse de leur activité ( 19 % en 2022). 36 % indiquent à l’inverse une hausse de leur chiffre d’affaires (46 % il y a un an). À +0,6 %, la croissance moyenne du chiffre d’affaires est bien moindre qu’en 2022 (6 % estimé en novembre dernier

Les difficultés d’approvisionnement et de recrutement restent notables  

Après s’être stabilisées à niveau élevé pendant 2 ans, les difficultés de recrutement se réduisent fin 2023. Les dirigeants sont moins nombreux à signaler de grandes difficultés : 36 %, 44 % il y a 1 an et 32 % en moyenne pré-crise sanitaire) . Les difficultés d’approvisionnement baissent mais continuent de limiter significativement l’activité de 36 % des TPE-PME. La demande s’est tassée en 2023 et est attendue faible en 2024. L’indicateur relatif aux carnets de commandes des 6 derniers mois perd 10 points sur le semestre à −11 et s’établit désormais sous sa moyenne de long terme (−7).  Celui sur l’évolution des carnets de commande au cours des 6 prochains mois perd 1 point en un an à −9, un niveau nettement sous sa moyenne historique (+4).

Du côté des TPE, le solde d’opinion s’enfonce un peu plus en territoire négatif (−3 points sur 6 mois à −5). En moyenne, les dirigeants de TPE tablent sur une contraction de 2,2 % de leur chiffre d’affaires en 2023 (contre +0,1 % en moyenne sur 2000-2022). Le chiffre d’affaires augmenterait de +2,0 % chez les PME (au moins 10 salariés), et même de +3,3 % pour les PME de 50 à 99 salariés (+3,4 % en moyenne 2000-2022) et de +3,8 % pour les plus grosses PME de 100 à 250 salariés (+3,9 % sur 2000-2022).

La trésorerie se maintient à un niveau encore relativement confortable

À −11, le solde d’opinion sur la situation de trésorerie au cours des 6 derniers mois perd 1 point sur le semestre et 2 points sur un an. Il demeure supérieur à sa moyenne de long terme (−15). Le risque de non-remboursement associé au PGE est toujours limité. 4 % des répondants craignent de ne pas être en mesure de rembourser leur prêt, une proportion identique à celle observée en mai dernier, en très légère baisse sur un an (5 % en novembre 2022), et dans le bas de la fourchette observée depuis que la question est posée (entre 4 et 6 % depuis fin 2020

En nette augmentation, le coût du crédit est désormais considéré comme le premier obstacle à l’investissement. Il est cité par 56 % des TPE-PME et se situe désormais devant les perspectives de demande, frein habituellement le plus cité.

   

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