La France se décide à se préoccuper de ses travailleurs âgés en montrant que l’expérience est aussi un atout.
L’emploi des travailleurs expérimentés est un enjeu stratégique, à la fois économique, social et démographique. En France, les actifs de plus de 50 ans représentent 40 % de la population active et d’ici 15 ans, ils en constitueront la moitié. Dans ce contexte, il est essentiel d’agir en faveur de leur recrutement et d’accompagner leur parcours professionnel dans les meilleures conditions.
Si le taux d’emploi des 55-64 a enfin franchi la barre des 60 %, il reste très en deçà des performances de l’Allemagne ou des pays nordiques. L’écart se creuse encore plus quand on parle des 60-64 ans. « Derrière ces statistiques c’est un immense gâchis humain et économique, facteur de sous-activité et de retard français, en termes de perte de savoir-faire et perte de force contributive dans le financement de notre système social », explique à TPE Mag la ministre en charge du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet. « Beaucoup de préjugés persistent sur les travailleurs expérimentés qui seraient lents, difficiles à manager, qui ne s’adaptent pas à la tech… Les entreprises qui font le pari de l’expérience et de l’intergénérationnel voient le contraire ».
C’est pour changer ces mauvaises habitudes qu’elle lance l’Initiative 50+, qui porte une ambition triple en faveur de l’emploi des 50 ans et plus : changer les pratiques, changer la loi, changer les regards. Elle s’appuie sur le site internet emploi50plus.gouv.fr qui délivre, notamment pour les employeurs, outils, témoignages et bonnes pratiques. Des partenaires comme l’Association Nationale des DRH (ANDRH), la communauté Les Entreprises s’Engagent, le Club Landoy, le Groupe AEF INFO sont également présentes.
Un triple changement
« Je veux changer les pratiques, changer la loi, changer les regards », affirme la ministre. Pour le premier point, elle compte mobiliser les entreprises, les partenaires sociaux et les institutions autour d’un partage de bonnes pratiques pour faire progresser collectivement les conditions d’emploi de 50 ans et plus. Pour le deuxième, le Gouvernement va présenter au Parlement une traduction législative de l’Accord National Interprofessionnel signé en novembre 2024 par les partenaires sociaux. Ce texte apportera de nouveaux outils concrets pour favoriser la reprise ou le maintien en emploi des salariés expérimentés. L’ensemble de ces mesures ira de pair avec un effort accru de prévention de l’usure professionnelle, de facilitation des transitions et des reconversions Pour le dernier, qui est peut-être le plis compliqué, c’est une vaste campagne de communication qui va être lancée. Elle vise à déconstruire les stéréotypes associés à l’âge et réaffirmer que les 50 ans et plus sont un atout pour le monde du travail par leur engagement, leur expérience ou encore leur capacité à transmettre.
Selon la DARES, au 4e trimestre 2024, il y avait 480 000 emplois vacants dans les entreprises du secteur privé2. Plus largement, les travailleurs de plus de 50 ans sont un vivier d’expertise. Leur maintien sur le marché du travail contribue à former les nouvelles générations et favorise la transmission des savoirs. Le virage démographique que s’apprête à vivre la France se traduira par une augmentation considérable des travailleurs de plus de 50 ans. Afin de préserver la compétitivité des entreprises et le dynamisme économique, les nouvelles structures du marché de l’emploi doivent favoriser l’intégration et le maintien en emploi des travailleurs expérimentés.
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