L’économie française en 2025

Rien de très réjouissant mais une sortie longue et pénible des années de crise, tant au niveau de l’inflation que de la croissance.

La Banque de France vient de publier ses prévisions économiques sur les deux prochaines années. Elle s’attend à une sortie progressive de l’inflation, sans récession, une inflation qui baisserait clairement, tout d’abord sur les biens industriels puis alimentaires, et atteindrait 2 % en 2025, une remontée du taux de chômage qui s’établirait à 7,8 %. L’endettement public continuerait de peser très lourd, à 100 % du PIB (88,5 % de moyenne sur l’ensemble de la zone euro), et le contexte international peu favorable pourrait peser sur ce début de reprise.

L’inflation continue à peser en 2023, ne parvenant pas à descendre sous les 5 % en un an, après le pic de 7,3 % en février, en lien avec la hausse des prix de l’énergie et la hausse des prix alimentaires. Elle devrait atteindre 5,8 % sur l’année. En 2024, « sous l’hypothèse d’accalmie sur les prix des matières premières telle qu’anticipée aujourd’hui par les marchés à terme, l’ensemble des composantes de l’inflation se replierait », estiment les experts de la Banque de France, qui tablent sur une hausse de 2,8 %, puis de 1,8 % à 2,1 % en 2025. Compte tenu de cette baisse de l’inflation, les salaires réels progresseraient sensiblement en 2024-2025, en dépit du ralentissement des salaires nominaux.

La croissance a tenu le choc en 2023, avec une prévision relevée à 0,9 %, alors qu’elle était estimée à 0,7 % en juin dernier. Cela reste très modeste, d’autant plus que cette performance devrait être relevée à l’identique en 2024, avant enfin de dépasser les 1 % (1,3 % précisément) en 2025, « portée par les moteurs intérieurs de l’activité (consommation des ménages et investissement des entreprises). La reprise de la demande permettrait également à l’investissement des entreprises de réaccélérer ».

Taux de marge en hausse

L’emploi continue de poser problème. Certes le taux de chômage a baissé ces derniers mois (et commence même une légère remontée), mais les créations nettes d’emplois salariés restent dynamiques, mais se modèrent : elles sont descendues à + 41 000 emplois au deuxième trimestre pour l’ensemble de l’économie, alors qu’elles se situaient sur un rythme trimestriel de plus de 100 000 emplois au début 2022. La Banque de France anticipe « une rythme encore plus modéré » des créations nettes d’emploi. Au total, le taux de chômage qui est actuellement de 7,2 % pourraint atteindre 7,8 % fin 2025.

Après avoir stagné en 2023, la consommation des ménages redémarrerait à partir de 2024 Le pouvoir d’achat par habitant, ou revenu disponible brut réel par habitant, progresserait de 0,6 % en 2023. Il devrait suivre plus ou moins le même rythme (+ 0,5 %) dans les deux prochaines années. « Cette progression du pouvoir d’achat par habitant diffère, pour de multiples raisons, d’un ressenti qui reste plus négatif », constate la Banque de France. « D’abord, il s’agit d’une évolution moyenne, alors que les situations peuvent évoluer différemment selon le niveau de revenu ou la localisation géographique. Ensuite, les revenus totaux comprennent l’ensemble des revenus (y compris, notamment, les prestations sociales nettes des impôts) et pas seulement les revenus salariaux, qui influent peut-être le plus sur le ressenti des ménages. Enfin, et surtout, l’inflation ressentie au quotidien peut donner un poids plus important aux produits achetés fréquemment, comme les produits pétroliers et alimentaire ».

Dans ce contexte, les ménages ont un taux d’épargne étonnamment élevé au deuxième trimestre 2023, ce qui reflète probablement le niveau encore élevé de l’incertitude qui génère de l’épargne de précaution. Il est envisagé une baisse de cette épargne, ce qui soutiendrait la consommation, mais il est difficile d’émettre des hypothèses précise, tant l’épargne peut évoluer en fonction du moral des Français ou du contexte international.

Le taux de marge des entreprises retrouverait en 2025 un niveau proche des années pré-Covid et leur investissement serait résilient sur la période, sous l’effet de deux facteurs favorables. « D’une part, l’effet positif du rétablissement des gains de productivité – le marché du travail s’ajustant avec retard au ralentissement économique – compenserait l’effet du regain de dynamisme des salaires réels sur le taux de marge des entreprises. D’autre part, les marges seraient légèrement soutenues par la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qui devait initialement prendre la forme d’une seconde baisse concentrée sur 2024, mais qui serait finalement étalée sur quatre ans ».  À la fin 2025, le taux de marge des entreprises s’établirait ainsi à 32,1.

Quant à l’investissement, qui s’est relativement bien maintenu pendant les années de crise, les efforts liés à la transition énergétique et climatique pourraient prendre le relais de ceux liés à la transformation numérique. L’investissement des entreprises devrait donc rester résilient en prévision, même s’il croîtrait un peu moins que l’activité.

Au niveau international, le commerce mondial continue de ralentir, et si une reprise survient, elle ne serait que progressive et entourée d’incertitudes. Le commerce extérieur français, qui un des gros points faibles de l’économie nationale, risque de continuer à s’effondrer, avec notamment des projections d’importations revues à la baisse pour l’Espagne et l’Italie en 2023, et plus encore pour l’Allemagne en 2024, même si les exportations françaises bénéficieraient encore d’un potentiel de rattrapage dans le secteur aéronautique et le tourisme.

   

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