L’aéronautique recommence à embaucher

Après la crise de la Covid-19, la filière aéronautique et spatiale renoue avec l’activité et lance une vaste campagne de recrutements.

« L’aéronautique redécolle… et franchement ! » C’est ainsi que Philippe Dujaric, directeur des affaires sociales et de la formation du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), annonce le lancement de la campagne de recrutement « L’aéro recrute » par son organisation. En effet, 15 000 postes sont à pourvoir partout en France cette année, dans l’ingénierie, la production, la maintenance… et pour des candidats dont les diplômes vont du CAP au bac+8.

« Si nous n’avons pas encore totalement retrouvé le trafic aérien d’avant-crise, les constructeurs sont en avance de phase : nous avons besoin de recruter pour faire face aux commandes que nous prenons actuellement », explique Philippe Dujaric. Selon lui, si du côté des avions civils les cadences n’augmentent pas pour les longs-courriers, il y a un véritable « boom » sur les courts et moyens-courriers et sur les avions d’affaires. C’est également le cas dans la Défense, « avec les Rafales notamment », et dans le spatial « avec Ariane 6 qui va décoller l’année prochaine ».

Ingénieurs, techniciens, ouvriers qualifiés recherchés

« Notre filière présente deux caractéristiques, poursuit le directeur des affaires sociales et de la formation du Gifas. Tout d’abord, elle intègre une forte partie de bureaux d’études, recherche et développement avec, par conséquent, un taux d’ingénieurs important. » Ceux-ci, avec les cadres, représentent ainsi la moitié des recrutements prévus cette année. Deuxième caractéristique : elle comprend, en France, une forte activité de fabrication. « Nous employons ainsi beaucoup de techniciens, d’ouvriers qualifiés… », complète Philippe Dujaric, des profils pour lesquels le secteur éprouve justement des difficultés à recruter, et qui représentent l’autre moitié des 15 000 postes à pourvoir.

Les techniciens peuvent travailler dans les bureaux d’études, la maintenance, la qualité, et les opérateurs qualifiés sont quant à eux destinés à l’ajustage, la fabrication des pièces… « Nous avons besoin de drapeurs composites par exemple, de câbleurs, de soudeurs, de chaudronniers, de peintres », détaille-t-il. Si l’Occitanie, sans surprise, regroupe 30 % de ces emplois à pourvoir, et le Grand Sud-Ouest, avec la Nouvelle-Aquitaine, environ 45 %, l’autre partie des emplois sont en Île-de-France, dans les Pays de la Loire, dans la région Sud, en Auvergne-Rhône-Alpes, la Normandie…

Les profils venus de l’artisanat sont bienvenus

« Nous faisions déjà, avant la crise, face à des tensions dans les recrutements sur certains métiers de production pas très attractifs », souligne par ailleurs Philippe Dujaric, pour qui « c’est encore plus vrai aujourd’hui ». En effet, « les profils aéronautiques, jeunes diplômés et a fortiori expérimentés sont de plus en plus rares », ajoute-t-il. 

Ce qui explique que la filière cherche à augmenter le vivier de recrutements : « on recrute sur savoir-être, sur expérience » même issue d’un autre secteur, explique le directeur. Et de renvoyer aux Certificats de qualification professionnelle (CQP), « passerelles qui permettent à des personnes qui viennent d’autres industries ou d’autres univers », (de l’artisanat notamment), de compléter leurs compétences grâce à des formations de quelques mois, en usinage, câblage aéronautique, peinture, etc. « Nous sommes une industrie de petites séries. Nous aimons donc bien les personnes qui viennent de secteurs dont l’activité est quasiment artisanale », explique ainsi Philippe Dujaric.

Idem pour les profils venant d’autres modes de transports : naval, ferroviaire, automobile. La filière cherche par ailleurs à accélérer la féminisation de ses métiers (24 % des effectifs actuellement).

Vers l’avion décarboné

Une campagne qui vient après deux années difficiles pour le secteur, même si 2021 a marqué une légère progression, vue comme « une année de transition et de préparation à la reprise », selon Guillaume Faury, Président du GIFAS. Le chiffre d’affaires a en effet progressé à 55,2 Md€ (+7,2% à périmètre constant), de même que sa composante exportation qui s’est située à hauteur de 37,3 Md€ (+10%), en raison des livraisons satisfaisantes du Rafale et des armements associés. Pour autant, les effectifs se sont tassé à 188 000 personnes contre 194 000 en 2020.

Pour les années 2022-2023, le Président du GIFAS souligne l’importance de la mobilisation de la recherche aéronautique civile, pour définir et concevoir l’avion décarboné de demain, digital et connecté. L’objectif d’un avion zéro-émission est fixé à l’horizon 2035. Pour le spatial, l’année s’annonce importante pour continuer de garantir à la France et à l’Europe un accès autonome à l’espace avec le projet de constellation souveraine de télécommunications de l’Union Européenne. En dépit des sévères turbulences que connaît la profession et l’ensemble du secteur aérien, il a esquissé une note d’espoir pour une amélioration de la situation et une sortie de crise à partir de 2023. Il a également annoncé le lancement de StartAir, le club des startups de la filière aéronautique et spatiale, pour créer du lien et faire circuler l’innovation entre startups et entreprises du GIFAS.

  

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