Une question d’espèces

La paiement par espèces continue à diminuer en France comme en Europe. La tendance va se poursuivre

On utilise de moins en moins d’espèces en France. L’enquête de la Banque centrale européenne révèle que ce moyen de paiement a diminué de 7 % depuis 2019. Mais la France « résiste » par rapport au reste de l’Europe, où la moyenne est de – 14 % : - 13 % en Allemagne et Italie, - 18 % en Espagne. Cette moindre diminution s’explique sans aucun doute par le fait que le mouvement était déjà enclenché depuis longtemps en France, où les espèces ne représentent que 50 % des moyens de paiement en volume, contre 63 % en Allemagne, 66 % en Espagne, 69 % en Italie.

La tendance baissière devrait s’accentuer dans les prochaines années, en raison de la part de plus en plus importante prise par le paiement sans contact, qui représente désormais 51 % des paiements en France (62 % en zone euro) contre 38 % en 2019. L’essor du commerce en ligne participe également au mouvement. Toutefois, si 64 % des consommateurs indiquent préférer la carte (ou tout autre moyen dématérialisé) pour régler leur achat en magasin, les espèces ont connu un regain de popularité des trois dernières années, passant de 9 % à 14 % comme moyen de paiement préféré.

La majorité des consommateurs considère par ailleurs qu’il est important (ou très important) d’avoir la possibilité de payer en espèces (57 % en France et 60 % en zone euro). Ils soulignent deux avantages associés à ce mode de paiement : une meilleure gestion des dépenses et la protection de la vie privée. La carte bancaire bénéficie toutefois de son côté pratique (rapidité et facilité d’utilisation).

Au bout du compte, la crise sanitaire n’a finalement eu qu’un impact modéré sur les habitudes de paiement en espèces. La majorité des consommateurs (56% en France et 54% en zone euro) estime ne pas avoir changé sa fréquence d’utilisation des espèces aux points de vente depuis 2019. Parmi les sondés déclarant utiliser moins les espèces qu’avant, la raison principale évoquée (à 68 % en France et 58 % en zone euro) est la facilité accrue de recours aux moyens de paiement électroniques depuis la crise.

61 € en poche

Les habitudes en matière de thésaurisation ne semblent pas non plus avoir changé, avec un montant d’espèces déclaré en portefeuille en début de journée en France (61 euros) dans la moyenne basse de la zone euro (83 euros, avec une fourchette de 46 euros aux Pays‑Bas à 121 euros en Autriche). Par ailleurs, seulement 30% des sondés français déclarent détenir une réserve d’espèces chez eux (contre 37% en moyenne dans la zone euro).

Les caractéristiques sociodémographiques influencent peu l’utilisation des espèces, à l’exception peut‑être de l’âge. En effet, la probabilité qu’une personne de 55 ans utilise principalement les espèces est significativement plus forte que pour une personne de moins de 25 ans. Par ailleurs, la « fragilité budgétaire » joue sur les habitudes de paiement en espèces : les personnes en situation de « fragilité budgétaire » ont tendance à recourir plus souvent aux espèces.

En revanche, le type d’achat et son montant jouent plus significativement dans l’utilisation des espèces. Ainsi, la propension à régler ses achats en espèces est plus forte pour les achats du quotidien, auprès des vendeurs de rue ou sur un marché, dans les cafés et restaurants que ceux effectués en supermarché. Elle est très importante quand ces transactions s’effectuent entre particuliers. À l’inverse, les achats de biens durables, en station essence, les réservations d’hôtels et les services hors du domicile sont moins souvent réalisés en espèces. Par ailleurs, plus le montant de la transaction est bas, plus cette transaction est réglée en espèces.

De manière générale, ces entreprises préfèrent – comme les consommateurs – les paiements par carte (à 53% en moyenne en zone euro, contre 55% pour les ménages) en particulier sans contact (20%), puis viennent les espèces (à 24%, contre 22%). Si les préférences nationales sont variées, la France se caractérise également dans cette étude par un attachement, dans l’ensemble, moindre aux espèces que ses voisins européens, comme c’est le cas pour les particuliers (préférence déclarée aux espèces à 12% pour les commerçants et 14% pour les ménages). Pourtant, les espèces sont plus appréciées par les commerçants que les autres moyens de paiement en matière de coût, de fiabilité et de rapidité des transactions. Elles sont par ailleurs largement diffusées et acceptées presque partout (dans 96% des entreprises en zone euro).

   

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