Face aux nouveaux défis commerciaux et économiques, le gouverneur de la Banque de France veut croire dans les chances de l’Europe et de la France de relever le défi.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, vient de publier son annuelle « Lettre au Président de la République », qui traite largement de la politique américaine et de ses conséquences sur la croissance et le commerce international. « Cette Lettre est un appel résolu, pour la France et l’Europe, à dépasser la tétanie. Un appel à élever aujourd’hui notre niveau de jeu et élargir l’horizon, au delà des polémiques de l’instant. À agir, et agir plus loin et plus unis », réclame le Gouverneur.
La France n’est pas démunie, à ses yeux, notamment avec ce qu’il appelle « la victoire quasi assurée contre l’inflation », passée sous les 2 %, avec pour conséquence logique une diminution des taux d’intérêt. Mais cette statistique encourageante, les consommateurs restent fortement marqués par les hausses des prix, et ne se lancent pas dans des dépenses inconsidérées, d’autant plus que les prix de l’alimentation sont encore élevés. S’il ne considère plus l’inflation comme un problème François Villeroy de Galhau s’inquiète, et ce n’est pas nouveau de sa part, de la baisse de la croissance française. Le risque d’une récession reste cependant écarté pour le moment, avant une reprise progressive de l’activité.
Quant aux actions de l’administration Trump, elles « affectent d’abord durement l’économie américaine », mais toucheront forcément l’Europe. Pour faire face à ce que certains appellent déjà une guerre commerciale, le gouverneur veut voir une « stratégie positive » se mettre en place, pour « pour retrouver la maîtrise de notre destin économique ».
Première action, et là encore on retrouve les préoccupations classiques de la Banque de France, veiller à la souveraineté monétaire. « L’Europe a heureusement construit l’atout qu’est l’euro, et donc l’autonomie de notre politique monétaire : celle ci comporte encore une marge pragmatique de baisse des taux. Mais nous devons tout autant préparer notre souveraineté technologique avec les travaux sur l’euro numérique, et développer le rôle international de l’euro ».
Réduire le déficit
La deuxième mobilisation, c’est le budget et cette hausse qui semble inarrêtable de la dette publique, « une maladie ancienne devenue aujourd’hui critique ». Réduire le déficit à 5,4 % du PIB semble pourtant un vœu pieux, et rares sont les politiques qui décident de prendre le problème à bras le corps. Il le faudrait, pourtant, mais dans une volonté pluriannuelle de stabilisation globale des dépenses publiques en volume, « cela seul permet de ramener le déficit vers 3 % en 2029, qui est le seuil pour commencer enfin à réduire le poids de notre dette ».
« Nous ne pouvons pas à la fois avoir les dépenses les plus élevées du monde et les faire encore augmenter en termes réels . Arrêter cette dérive est possible, à une condition forte : que l’effort d’efficacité ne porte pas seulement sur l’État, qui ne représente que 36 % du total, mais aussi sur les dépenses sociales et locales, qui continuent aujourd’hui d’augmenter à plus de 2 % par an en volume », martèle le Gouverneur. Pas simple, quand des investissements majeurs dans la Défense sont engagés, et tant que la croissance ne bondira pas vers les 1,5 %.
Cette frontière ne s’atteindre que par le travail : « C’est le levier décisif de notre prospérité, et il est entièrement entre nos mains. En France, travailler plus collectivement, c’est combler le retard de taux d’emploi, de plus de 15 points, que nous avons tant sur les jeunes – c’est la réforme de la formation – que sur les seniors. C’est aussi travailler mieux, avec de la productivité retrouvée notamment grâce à l’intelligence artificielle ».
Tous ces efforts ne peuvent s’accomplir que dans un cadre européen orienté vers la compétitivité, en « en supprimant les obstacles internes notamment dans les services et l’énergie », en investissant mieux vers les innovations de rupture et en simplifiant : « moins de bureaucratie, de procédures et de délais », sans qu’il s’agisse de déréguler aveuglément.
« Le basculement américain est évidemment inquiétant. Il doit cependant nous faire réaliser que ce qui nous unit, entre Français et entre Européens, est beaucoup plus important que ce qui nous sépare. C’est pourquoi il doit s’agir d’une mobilisation générale : notre réponse ne peut être que collective, juste dans le partage de l’effort, et décisive dans le rythme de l’action », conclut le Gouverneur, qui veut voir se lever « un moment français et européen ».
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