TPE : l'activité au ralenti

La 75ème enquête de conjoncture de Bpifrance, réalisée auprès de 5 093 entreprises, permet d’évaluer les perspectives d’activité, d’emploi et d’investissement des TPE-PME.

Au cours des derniers mois, les tensions sur les approvisionnements se sont accentuées, alimentées par le conflit en Ukraine et la reprise de l’épidémie en Chine : 74 % des TPE-PME y sont confrontées, soit +9 points sur un semestre.

Celles-ci se matérialisent surtout par la hausse du prix des intrants et l’allongement des délais de livraison (cités par respectivement 71 % et 74 % des entreprises). En 3e position, la hausse des coûts de transports est citée par 62 % des TPE-PME (+13 points sur un semestre). Les perturbations de la chaîne logistique maritime sont en effet renforcées avec la guerre en Ukraine et les confinements en Chine.

Dans ce contexte et après un net rebond en 2021, les dirigeants de TPE-PME tablent sur un ralentissement de leur activité en 2022, qui resterait néanmoins dynamique sur l’ensemble de l’année. En moyenne, le chiffre d’affaires augmenterait de +4,9 % en 2022 après +7 % en 2021. Cette croissance est néanmoins à nuancer, reflétant probablement en partie l’augmentation prévue des prix de vente, en réaction à la nette hausse des coûts de production.

Malgré le ralentissement de l’activité et des difficultés de recrutement en hausse, les embauches sont attendues en légère accélération cette année. À +21, le solde d’opinion gagne 2 points sur un an et atteint un plus haut depuis 2001. 84 % des dirigeants déclarent pourtant rencontrer des difficultés de recrutement, et 47 % les jugent même sévères, des proportions proches de celles observés avant crise (respectivement 87 % et 49 % fin 2019).

Les TPE-PME du tourisme affichent des perspectives particulièrement dynamiques après une année 2021 encore sous l’emprise des vagues épidémiques et d’une reprise partielle du tourisme international. À l’inverse, l’activité ralentirait nettement dans la construction et le commerce. Dans l’industrie, l’activité resterait dynamique, le solde d’opinion se stabilisant à +35.

Hausse des coûts de production

Après avoir atteint son plus haut niveau historique en novembre 2021, l’indicateur relatif à la situation de trésorerie sur les six derniers mois perd 7 points, à −5, un niveau proche de celui d’avant crise (−6 en 2019) et nettement supérieur à sa moyenne historique (−16). La situation de trésorerie des TPE-PME continuerait à se dégrader au second semestre : l’indicateur recule de 9 points, à -12, soit nettement sous sa moyenne de long terme (−2).

Afin d’amortir l’impact des difficultés d’approvisionnements sur leur situation financière, les TPE-PME sont 73 % à prévoir une hausse de leur prix de vente cette année (+7 points depuis six mois). Par rapport à fin 2021, elles sont également plus nombreuses à envisager de rogner sur leurs marges d’exploitation (45 %, soit +8 points). La hausse des prix ne compenserait donc que partiellement celle des coûts.

Tassement de l’investissement

La part des TPE-PME confrontées à des difficultés pour financer leur exploitation à court terme est stable sur un an et reste inférieure à son niveau d’avant crise (10 % contre 13 % en mai 2019). De même, seules 9 % des entreprises interrogées affrontent des difficultés pour accéder aux crédits à l’investissement, une proportion stable sur un an, à un plus bas historique.

Les chefs d’entreprises font néanmoins part de freins à l’investissement un peu plus prégnants ce semestre. La faiblesse de la demande reste le principal obstacle, citée par 48 % des TPE-PME (+2 points sur un an mais −3 points par rapport à mai 2019). Bien qu’encore relativement peu cité, le coût du crédit prend de l’ampleur et constitue désormais un frein pour 19 % des TPE-PME (+8 points sur un an).

Ralentissement de l’activité en 2023

Bien que les dirigeants de TPE-PME soient 21 % de plus à anticiper une hausse de leur activité plutôt qu’une baisse en 2023, l’indicateur est en recul de 16 points sur un an et atteint un niveau inférieur de 6 points à sa moyenne historique.

Ce repli de la confiance des dirigeants s’expliquerait notamment par l’incertitude autour de l’horizon de résorption des difficultés d’approvisionnements. 43 % des chefs d’entreprises l’estiment supérieur à un an et 40 % d’entre eux déclarent manquer totalement de visibilité. Plus généralement, le contexte de guerre en Ukraine est un motif d’inquiétude. Parmi divers risques mondiaux, le risque de conflit géopolitique est cité par 70 % d’entre elles (juste derrière le risque financier, à 77 %).

L’impact de la transition écologique et énergétique  

Pour 36 % des TPE-PME, leur transition écologique et énergétique (TEE) serait source d’opportunité, avec des divergences selon la taille : 46 % des PME (10 à 250 salariés) contre 34 % des TPE (moins de 10 salariés).

En 2021, les investissements « verts », ont été concentrés dans un nombre restreint de TPE-PME : ils ont représenté plus de 10 % de leurs investissements pour seulement 11 % d’entre elles. Au cours des cinq prochaines années, 47 % des entreprises interrogées prévoient d’accroître leurs investissements « verts » (61 % des PME contre 44 % des TPE).

Le principal besoin des TPE-PME pour initier ou poursuivre leur TEE concerne les alternatives technologiques (42 %). Elles sont également nombreuses à citer le besoin de financement (32 %) et d’accompagnement (26 %).

 

   

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