Tensions sur l'approvisionnement électrique

Le mois de janvier risque d'être tendu sur le marché de l'électricité en France. Si la situation se dégrade, des coupures partielles pourraient être envisagées. 

Le mois de janvier s’avère potentiellement problématique pour l’approvisionnement électrique de la France, selon RTE, l’organe gestionnaire du réseau de transport d’électricité, qui se prépare à exploiter le système en « situation dégradée ».

Les facteurs de risques portent essentiellement sur les conditions météorologiques qui influencent la consommation ainsi que la production renouvelable : vague de froid et/ou très faible production éolienne sur la plaque européenne, ainsi que tout évènement défavorable sur le parc de production qui dégraderait les capacités disponibles, notamment nucléaires. « Le recours à des moyens exceptionnels serait probable si l’un de ces facteurs se concrétisait, et certain s’ils étaient combinés », précise Thomas Veyrenc, Directeur Exécutif en charge de la Stratégie, de la Prospective et de l’Evaluation de RTE.

Pas de blackout

Des coupures ciblées de consommateurs pourraient alors être mises en place. « Il ne s’agit néanmoins en rien de situations de «blackout» impliquant une perte généralisée de l’alimentation électrique sur le territoire, mais d’une opération contrôlée par RTE et mise en œuvre par les distributeurs en lien avec l’administration territoriale de l’État, qui a un impact localisé et limité dans le temps (2h maximum consécutives), épargnant les consommateurs sensibles (en particulier le secteur de la santé) », prévient Jean-Paul Roubin, Directeur Exécutif en charge de l’Exploitation de RTE.

Des arrêts dans les centrales

Plusieurs facteurs ont contribué à renforcer la vigilance de RTE. Le redressement de la demande d’électricité en France, du fait de la reprise économique, tout en demeurant inférieure de 1 à 2 % aux niveaux d’avant-crise. Les tensions sur l’offre fortement ressenties dans toute l’Europe (tension sur l’approvisionnement en gaz et envolée des prix, faiblesse des stocks hydrauliques, épisodes de faible production éolienne notamment en fin d’été et au mois de décembre) et en France (disponibilité du parc nucléaire). Le calendrier des arrêts de réacteurs nucléaires s’est encore densifié, conduisant la disponibilité du parc à un minima historique pour janvier. Avec l’annonce par EDF le 15 décembre dernier de l’arrêt des quatre réacteurs des sites de Chooz et Civaux pour des raisons de sureté , la disponibilité du nucléaire est désormais évaluée par RTE entre 43 et 51 GW pour les prochaines semaines :  il s’agit du plus bas niveau jamais atteint pour le parc nucléaire à cette période de l’année.

En revanche, les stocks hydrauliques sont proches des valeurs moyennes historiques. L’hydraulique joue un rôle majeur dans la sécurité d’alimentation de la France : le niveau des stocks est un indicateur important à prendre en compte en cas de tension sur l’équilibre offre / demande. Le parc thermique est majoritairement disponible. Trois unités de production au charbon sont disponibles. Elles pourraient être fortement sollicitées en début d’hiver et atteindre rapidement la durée maximale prévue par la réglementation. La mise en service de la centrale de Landivisiau est désormais imminente, mais la date annoncée du 15 février 2022 est postérieure à la période la plus sensible pour la sécurité d’alimentation.

Imports en tension

La disponibilité moyenne des imports possibles depuis l’étranger, en situation de tension, est similaire à celle de l’an passé.  Sur la première partie de l’hiver, le déficit de production en France (nucléaire et éolienne) s’est traduit par un recours aux imports de manière très supérieure à l’historique pour cette période de l’année. Les capacités techniques d’échanges de la France ont augmenté ces dernières années, mais les perspectives d’augmentation durant la période hivernale sont faibles : la nouvelle interconnexion Savoie - Piémont avec l’Italie ne sera partiellement disponible qu’à partir du premier trimestre 2022

Utilisez Ecowatt

Dans ce contexte, RTE souhaite mettre en avant le dispositif Ecowatt (www.monecowatt.fr). Il permet, d’une part, d’informer les consommateurs sur l’état du système électrique, avec notamment deux signaux d’alerte (au-delà des signaux vert et jaune, lesquels ne décrivent pas de situation problématique vis-à-vis de l’équilibre du système) :  le signal orange signifie que le système électrique est dans une situation tendue, et que les actions citoyennes de modération de la demande sont les bienvenues pour soulager cette situation ; le signal rouge signifie que le système électrique est dans une situation très tendue, et que des coupures sont inévitables sans actions citoyennes de modération de la demande.

Le dispositif Ecowatt détaille, d’autre part, les différents gestes à la portée de chacun pour réduire sa consommation par des actions simples : démarrer ses appareils de lavage en heures creuses (après 20h), limiter le nombre de lumières dans les pièces, ne pas laisser d’appareils en veille toute la journée, diminuer la consigne de température des installations de chauffage, etc. Ces gestes simples, s’ils sont mis en œuvre par le plus grand nombre (ménages, entreprises, établissements publics), peuvent constituer un apport notable pour réduire la tension sur l’équilibre du système

La consommation française est la plus élevée :  Entre 8h et 13h, au moment où la majorité des français débute la journée leur journée et où l’activité économique s’accroît ;  Entre 17h30 et 20h30, lorsque les particuliers rejoignent pour la plupart leur domicile (et mettent en route notamment leurs appareils électroménagers et chauffage), que les éclairages publics sont allumés et que d’autres consommateurs sont encore sur leur lieu de travail.

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