Le niveau défaillances reste historiquement haut, et la stabilisation de juin ne doit pas faire croire que le pire est passé.
Le deuxième trimestre s’est clôturé avec un total de 16 586 procédures collectives ouvertes, selon les chiffres du groupe Altares. Le niveau demeure toujours très élevé mais une relative amélioration semble se dessiner : avril était sensiblement dans le rouge (+8 %), mai neutralisait la hausse et juin enregistre un recul des défauts (-2%). On est certes loin des + 23 % de 2024, mais sur 12 mois glissants, on reste sur un très haut plateau au-delà de 68 000 défaillances.
Le bilan reste encore lourd pour les PME d’au moins 100 salariés et les TPE de 6 à 19 salariés
Avec 349 jugements enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde est en très net recul de 16,1 %. Cet outil d’anticipation retombe à seulement 2 % de l’ensemble des procédures. Les redressements judiciaires (RJ) touchent un plus haut niveau avec 5 177 jugements prononcés, soit une augmentation de 7,5 %. Les redressements représentent désormais plus de 30 % des procédures ouvertes. Le nombre de liquidations judiciaires (LJ) se stabilise (-0,7 %) légèrement au-dessus de 11 000 jugements et concerne les deux tiers des procédures ouvertes.
Deux catégories d’entreprises parviennent à stabiliser les ouvertures de procédures : Celles employant jusqu’à 5 salariés dont près de 14 300 entreprises ont fait défaut ce deuxième trimestre, un nombre équivalent à la même période 2024. Ces structures concentrent 86% de l’ensemble des procédures. Les PME de 20 à 99 salariés parviennent elles-aussi à stopper la hausse des défauts. Près de 460 procédures ont été ouvertes, c’est 1 % de moins sur un an.
Les entreprises de 6 à 19 salariés sont dans une situation encore délicate. 1 773 ont défailli soit 10 % de plus qu’un an plus tôt. La dégradation est plus forte encore (+29 %) sur les structures d’au moins 100 salariés. 58 d’entre-elles sont tombées en défaillance, soit quasiment une chaque jour ouvré. La tendance est donc lourde et peut entraîner dans les prochains mois un dangereux effet domino sur les partenaires et sous-traitants de petite taille. Les deux tiers de ces défauts concernent des PME de moins de 200 salariés. En dépit des tensions relevées sur les plus gros employeurs, la résistance des PME de moins de 100 salariés permet de contenir le nombre d’emplois menacés à 65 000 contre 69 500 un an plus tôt.
Les jeunes entreprises de moins de 3 ans sont à la peine. Près de 2 000 ont défailli ce trimestre, soit 8 % de plus qu’au printemps 2024. Ces structures disposent généralement d’une capacité financière très faible. Ce qui conduit les tribunaux à opter pour l’ouverture d’une liquidation judiciaire dans plus des trois quarts des cas. Les deux tiers de ces jeunes entreprises défaillantes se concentrent dans la construction, le commerce ou la restauration. Les structures les plus anciennes sont à peine mieux loties. Près de 5 400 entreprises installées depuis plus de dix ans sont entrées en défaillance, un nombre en augmentation de plus de 6 %.
Ceux qui souffrent
Parmi les secteurs en grande souffrance, les transports, les activités d’assurance et financières, l’information et la communication, l’agriculture (en particulier les céréales et la vigne), la restauration à table traditionnelle, le social et la santé, les activités culturelles et récréatives sont particulièrement touchés. L’industrie manufacturière est, défavorablement orientée, à un degré moindre, avec des hausses importantes toutefois dans le textile-habillement, l’environnement (traitement des déchets) et la réparation-maintenance. Les services aux entreprises contiennent l’augmentation du nombre de défauts à la faveur de bonnes tendances dans l’ingénierie ou la sécurité. L’évolution est en revanche sévère dans le conseil en communication et gestion et le nettoyage de bâtiments.
Le BTP semble tenir (même si la construction s’enfonce toujours), mais faut-il y voir la conséquences des vagues très importantes de défaillances qui ont frappé violemment le secteur ces derniers mois. Ceux qui restent sont les plus solides, puisqu’ils ont tenu le choc. Deuxième secteur qui concentre plus de 20 % des défauts en France, le commerce reproduit la tendance observée en début d’année ; le nombre de jugements recule légèrement. Les activités de détail font mieux avec un recul de 5 %. Après des mois difficiles, en particulier dans le meuble, la situation se redresse pour le bricolage et l’équipement du foyer . La forte amélioration observée dans les soins de la personne tient en réalité au périmètre de comparaison qui intégrait il y a un an la défaillance d’un important groupe de centres auditifs.
Le commerce de détail présente, toutefois, des points de tension pour les magasins de sport ou la vente hors magasin principalement de petits acteurs de vente en ligne. La situation reste délicate dans le commerce de voitures.
Thierry Million, directeur des études Altares, conclut : « A mi-année, ce sont donc un peu plus de 35 000 entreprises qui ont poussé la porte des tribunaux. Ce nombre reste très élevé mais ne nous place toujours pas sur une trajectoire à 70 000 défauts. A la faveur d’un été traditionnellement moins lourd du fait des vacations judiciaires d’août, le second semestre nous projetterait sur un atterrissage annuel voisin de 67 000 défauts. Le risque commercial, et donc d’incidents de paiement, ne s’estompe donc pas comme l’illustre le niveau élevé des retards de règlement fournisseurs qui, là aussi se fixent sur un plateau à 14 jours en moyenne depuis le début de l’année. »
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