Les souffrances des TPE

Les chiffre, les indicateurs et les enquêtes le prouvent : la situation des TPE ne cesse de se dégrader et l’inquiétude augmente

En 2019, le SMIC net mensuel d'un salarié effectuant 35H de travail par semaine s'établissait à 1219€ (1302€ au 01/05/2022 hors prime d'activité). Dans le même temps, selon les données de l'URSSAF, 44% des artisans, commerçants, dirigeants de TPE et professionnels libéraux, hors microentrepreneurs, dégageaient une rémunération inférieure à ce niveau pour une durée hebdomadaire de travail de 48H/semaine.

A cette rémunération on ne peut plus basse, viennent désormais s’ajouter plus de 60 Mds d’euros de dettes PGE et URSAFF à rembourser par les dirigeants de TPE. À ce jour, les indépendants (30% des cotisants) qui apurent leur dette URSSAF versent chaque mois en moyenne une somme de 400€ sur une durée de 24 mois. De plus, il convient de rembourser les PGE, soit 400€ à 800€ pour 36% des personnes interrogées par le SDI.  Ces sommes viennent une fois de plus grever directement les bénéfices de l'entreprise et donc la capacité des responsables à dégager une rémunération. Plus de la moitié des responsables de TPE estime que sa baisse de pouvoir d'achat s’évalue de 10% à 30%.

Moins de trésorerie, moins d’investissement

A la dette se greffent les charges d'exploitation courante, ce qui suppose, plus qu'un retour à une activité normale avec 2019 comme point de comparaison, un développement de l'activité permettant de compenser ces charges supplémentaires. Concrètement, un tel objectif est inaccessible en l'état actuel de l'environnement économique, avec une croissance nulle et une inflation qui va entraîner une baisse de la consommation des ménages.

Tout cela fait que la trésorerie diminue et que les dirigeants de TPE s’attendent à une nouvelle dégradation dans les prochains mois. En conséquence, les intentions d’investissements fléchissent par rapport au début d’année, tandis que les conditions d’accès au crédit vont continuer à se resserrer. S’ajoutent des préoccupations fortes sur les difficultés de recrutement, la pénurie de matières premières et les coûts trop élevés de l’énergie.


Face à la forte hausse des coûts hors salaires, 44 % des dirigeants anticipent une dégradation de leur marge nette cette année (29 % une légère baisse, 15 % une franche baisse), soit 10 points de plus qu’il y a 3 mois. Un tiers des PME / TPE font part d’un besoin de reconstitution de leurs fonds propres, dont 15 % estiment que leur niveau exerce une contrainte sévère pour leur développement, selon une enquête Rexecode – Bpifrance.

Isolement et stress

60 % des répondants indiquent être inquiets, voire très inquiets, face à l’évolution de l’inflation et de son impact sur la situation économique de leur entreprise. L’ampleur des répercussions de la hausse des prix sur les petites entreprises artisanales, quant à elle, est également préoccupante :  14 % des répondants à une enquête de la CMA France indiquent connaître une baisse de CA de plus de 25 % par rapport à l’an dernier à la même époque (période qui n’était pas dynamique en raison du deuxième confinement). Même si pour 60 % d’entre eux la baisse de chiffre d’affaires est inférieure à 15 %, 44 % admettent que le contexte actuel pourrait compromettre leur activité.

Tout cela aura une répercussion sur les défaillances d’entreprises, dont le nombre reste certes contenu pour l’instant. Mais il serait aveugle de croire qu’au moins un rattrapage ne se produira pas. De 2021 à 2019, le chiffre annuel moyen des défaillances était de 58 000. C’est le chiffre atteint quand on additionne 2020 (31 000 défaillances) et 2021 (27 000 défaillances). Il existe donc un déficit naturel, qui tient à l’économie, de 58 000 défaillances, qui ne sera pas rattrapé en 2022, puisque les statistiques évaluent à 40 000 les défaillances qui seront enregistrées.

Il faut y ajouter les radiations qui ont explosé en 2021 : 265 000, soit 31 % de plus qu’en 2020, un phénomène résultant en majorité d’une décision volontaire du chef d’entreprise, qui préfère mettre fin à son activité avant la fin des mesures d’aide et le risque de voir sa situation se dégrader fortement.

Au-delà des chiffres, des statistiques, c’est le sentiment d’isolement, le stress face à l’incertitude, la souffrance psychologique, la fatigue physique, qui se conjuguent pour faire peser sur les dirigeants une charge à la limite du supportable. Tout cela dans un silence assourdissant des candidats aux législatives et face à un regard déconnecté des réalités des experts économiques.

   

 

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