Les grandes tendances de l'économie française

Quel est le niveau de PIB, où en sont les exportations, quelles perspectives pour l'inflation, comment la relance se porte-t-elle ? Le point sur les grands chiffres de l'économie française. 

PIB,  ralentissement à prévoir

Au premier trimestre, l’activité économique française continuerait de progresser mais en ralentissant (+0,3 % prévu, après +0,7 % au quatrième trimestre 2021), avant d’accélérer au deuxième trimestre (+0,6 % prévu). L’acquis de croissance à mi-année s’élèverait à +3,2 %. Le PIB français n’a toutefois pas retrouvé le niveau qu’il aurait atteint s’il avait prolongé sa trajectoire pré-crise.

La reprise se poursuivrait dans les prochains mois, même si en France le plus gros du rattrapage a déjà été effectué. Certains services marchands (hébergement-restauration, services de transport, activités de loisirs) conservent un potentiel de rebond qui contribuerait à la hausse de la croissance au deuxième trimestre, après le faux-plat du début d’année. Dans l’industrie, l’hypothèse reste celle d’une lente dissipation des difficultés d’approvisionnement, qui permettrait aux secteurs les plus affectés (matériels de transport terrestres et aéronautiques) de poursuivre eux aussi leur rattrapage.

 

Inflation, toujours plus haute

En janvier 2022, l’indice des prix à la consommation a progressé de 2,9 % sur un an, selon l’estimation provisoire. Sous l’hypothèse d’un cours du Brent à 90 $ le baril, l’inflation pourrait se situer au cours des prochains mois entre 3 % et 3,5 % en glissement annuel, même si les mesures de « bouclier tarifaire » contiendraient significativement sa progression ; sans elles, la prévision d’inflation aurait été rehaussée d’au moins un point de pourcentage.

Les  prix à la production ont augmenté tout au long de l’année 2021, en France comme dans les autres pays européens. En décembre 2021, le glissement annuel des prix de production de l’industrie française atteint +16,9 %. L’ordre de grandeur est le même pour les prix agricoles à la production (+17,6 % sur un an en décembre). Les prix de production des services, mesurés trimestriellement, ont évolué moins rapidement (+2,9 % sur un an au troisième trimestre 2021), mais cette moyenne masque d’importantes disparités : à titre d’exemple, les prix de production du transport maritime et côtier de fret ont augmenté de 85 % sur un an cet automne. Au premier semestre 2022, ces augmentations passées des prix de production se répercuteraient partiellement et progressivement sur les prix à la consommation, en particulier ceux des produits alimentaires et des produits manufacturés.

Commerce extérieur, une catastrophe historique

En 2021, le solde commercial en valeur a chuté de 20,0 milliards d’euros et s’établit à -84,7 milliards, son plus bas historique. Le recul du solde en valeur est principalement tiré par l’énergie et, dans une moindre mesure, par les produits manufacturés.

Les échanges avec l’Union européenne s’inscrivent en forte baisse, le solde se réduisant de 10,8 milliards, tiré par la diminution du solde avec la Belgique (-6,8 milliards), les Pays-Bas (-2,0 milliards) et l’Allemagne (-1,7 milliard). Le solde avec l’Afrique, qui était devenu excédentaire en 2020, redevient négatif à -2,1 milliards (en baisse de 5,3 milliards), tiré par le solde avec l’Algérie qui recule de 2,1 milliards, dans le sillage de l’augmentation des prix du pétrole. Le solde commercial recule également avec l’Europe hors UE de 4,9 milliards, dont 2,7 milliards avec la Russie et 2,2 milliards avec le Royaume-Uni, du fait de la hausse des approvisionnements énergétiques originaires de ces pays. Le solde avec l’Asie baisse également (de 3,6 milliards), tiré par la Corée du Sud (-1,7 milliard) et, dans une moindre mesure, par la Chine et Hong-Kong (-0,6 milliard) dont le solde continue de baisser. L’Amérique est la seule région du monde où le solde s’accroît (+1,6 milliard), notamment grâce à des ventes dynamiques de spiritueux et de produits de la mode et de la beauté (boissons, cuir et bagages, parfums et cosmétiques) vers les États-Unis.

Emploi salarié privé, un dynamisme inégal

L’emploi salarié privé – qui, à la faveur du recours massif à l’activité partielle, avait beaucoup moins baissé que le PIB – dépasse fin 2021 de 1,5 % (soit environ 300 000 emplois) son niveau de la fin 2019. L’empreinte sectorielle de la crise reste forte, marquant les secteurs qui continuent de pâtir de la situation sanitaire (hébergement-restauration par exemple) ou bien de problèmes d’approvisionnement (dans l’industrie manufacturière et en particulier l’automobile, avec toutefois un net rebond de la production française dans ce secteur en novembre et décembre 2021). Les services informatiques ont quant à eux poursuivi leur nette progression, du fait du dynamisme de l’investissement numérique des entreprises françaises

Consommation des ménages, dégradation dans le commerce et les services

Si, selon les enquêtes de conjoncture, le climat des affaires reste globalement favorable, il s’est toutefois récemment dégradé dans le commerce de détail et les services, en particulier dans l’hébergement-restauration. Certains indicateurs à haute fréquence, reflétant les comportements des ménages, suggèrent également un ralentissement de certains pans de la consommation début 2022. La dynamique des montants agrégés de transactions par carte bancaire CB, disponibles jusqu’au 30 janvier, semble ainsi marquer le pas en début d’année : le total des montants, en écart à 2019, reste à un niveau similaire à celui de décembre dernier. Certes, le total des montants se situe nettement au-dessus de ceux de 2019 mais ce constat ne doit pas être sur-interprété, compte tenu des facteurs qui tirent mécaniquement les montants CB à la hausse depuis deux ans (l’évolution des prix ou encore le recours accru aux paiements par carte bancaire, notamment depuis le début de la crise sanitaire). Par ailleurs, ces montants ne comprennent pas les dépenses effectuées en France par les touristes étrangers. Plus précisément, dans la restauration et l’hébergement, les montants de transactions CB se sont dégradés fin 2021, et plus encore début 2022 dans l’hébergement, sans doute en lien avec la situation sanitaire. La consommation des ménages en volume marquerait donc le pas en début d’année et resterait, au premier trimestre 2022, autour de son niveau d’avant-crise qu’elle avait retrouvé fin 2021. En janvier notamment, le contexte sanitaire pèserait sur les dépenses des ménages, en particulier dans l’hébergement-restauration, les services de transport ou les loisirs. Au deuxième trimestre, la consommation progresserait plus nettement, sous l’hypothèse d’une amélioration de la situation sanitaire.

Approvisionnement et recrutement, toujours en grosses difficultés

Selon les enquêtes de conjoncture, les difficultés d’approvisionnement restent vives mais refluent quelque peu . 45 % des entreprises industrielles en faisaient état en octobre dernier, sous l’effet notamment de la désorganisation des chaînes de valeur mondiales face à une forte demande. En janvier, 35 % des entreprises industrielles mentionnent encore ces difficultés, une part qui reste largement au-dessus de la moyenne observée sur longue période (autour de 10 %).

Les difficultés de recrutement restent très importantes. Elles concernent aujourd’hui 61 % des entreprises manufacturières (contre 30 % en moyenne sur longue période), 54 % des entreprises de services (contre 29 % en moyenne) et 77 % des entreprises du bâtiment (contre 59 %). Ces difficultés interviennent relativement tôt dans la reprise, en lien avec un rebond de l’emploi plus rapide que prévu.

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