Les délais empirent

Avec désormais plus de 14 jours de retards de paiement, la France se place au-dessus de la moyenne observée en Europe, dans un contexte de dégradation générale.

Les retards de paiement des établissements privés ou publics français s’allongent (14,1 jours contre 13,5 jours fin 2024) « On est encore loin d’une culture de la ponctualité ! », s’exclame Thierry Millon, directeur des études Altares, qui vient de publier ces statistiques. « Entre instabilité politique, tensions sociales, guerre commerciale et croissance modérée, les acteurs publics et privés naviguent à vue en cette rentrée de septembre 2025. Dans ce contexte toujours délicat, sécuriser sa trésorerie est alors bien souvent un levier privilégié. Dans ces conditions, les retards de paiement s’allongent rapidement et particulièrement en France. En 1 an, les retards moyens s’allongent d’une journée, soit la plus forte dégradation en Europe. Ces reports de règlement sont évidemment très préjudiciables pour les fournisseurs et sous-traitants. En cumul, ils sont évalués à 15 milliards d’euros par la Banque de France  : autant dire qu’ils sont un frein au développement, à l’investissement et à l’emploi. Mais ces factures en souffrance sont aussi, pour de nombreuses TPE et PME, une source de fragilisation profonde, d’usure psychologique face aux relances épuisantes dans un rapport de force parfois bien déséquilibré ».

Révélateur des tensions financières, la part des “grands retards” augmente sensiblement :  9,3 % des acteurs accusent des retards supérieurs à 30 jours au cours du deuxième trimestre 2025, au plus haut depuis quatre ans.

Nord contre Sud

En Europe, les Pays-Bas sont toujours exemplaires (3 jours de retard, 80 % de respect des échéances) devant l’Allemagne (7 jours, 60 %). La Belgique, l’Irlande et le Royaume-Uni se retrouvent dans une fragile zone de confort. La Belgique est retombée sous 12 jours de retards en 2025 à la faveur d’un meilleur respect des délais (47 % soit 3 % de plus qu’un an plus tôt) et une plus grande rigueur sur les grands retards (6,4 % en T2). L’Irlande (12,7 jours) et le Royaume-Uni (12,9 jours) font également mieux que la moyenne européenne.

Et on constate une fracture comportementale des pays du sud de l’Europe. Le Portugal est à la traîne avec un retard moyen de 24 jours et 16 % des entreprises payent leurs fournisseurs avec plus d’un mois de retard. Une sur cinq s’acquittera de ses factures à l’heure.  L’Italie, pionnier dans la mise en place de la facturation électronique B2B dans l’Union Européenne dès 2019, ne montre pas encore d’effets vertueux sur les délais de paiement. Le pays présente un retard moyen de 17 jours et près de 12 % des organisations décalent leurs règlements de plus de 30 jours.

Les entreprises espagnoles ont ramené leur retard moyen juste sous 15 jours en fin de semestre. De chaque côté des Pyrénées, moins d’un acteur sur deux paie à l’heure (45 %).

 La France décroche rapidement et atteint les 14,1 jours. Les factures en souffrance s’accumulent et sont réglées en moyenne deux semaines après le terme. En  deux ans, le délai d’encaissement des factures s’est allongé de deux jours et atteint les 14,1 jours en 2025. Il s’agit de la pire trajectoire sur la période en Europe.

Au-delà du nombre de jours, c’est davantage le taux de grands retards qui interpelle : depuis fin 2024, plus de 9 % des payeurs retardent les règlements d’au moins un mois, alors que 3,8 % dépassent la date de facture de plus de trois mois, un délai qui suggère des litiges commerciaux ou anomalies de facturation rendant compliqués et onéreux

Au-delà du contexte économique, un effet de taille demeure. Dans les TPE d’au moins 3 salariés, le retard se maintient sous 13 jours. Au-delà, le délai s’allonge de plus d’une journée en un an et atteint 13 jours pour les PME de moins de 50 salariés, 14,3 jours pour celles comptant jusqu’à 199 salariés et dépasse légèrement 16 jours pour les structures de 200 à 999 salariés.

Régulièrement pointées du doigt pour leur lenteur de règlement des factures, les grandes entreprises de plus de 1 000 salariés approchent 21 jours de retard de paiement. Ce chiffre douloureux pour nombre de TPME en attente de règlement est imputable davantage au secteur public qu’au privé. En effet, au-delà de 1 000 agents, l’organisation


   

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