L’état psychologique des salariés et des managers montrent de très inquiétants signes de fragilité. Avec des impacts à craindre sur l'absentéisme.
La 10ème vague du baromètre de la santé psychologique des salariés Français réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine revient sur l’état des salariés à l’aune d’une actualité anxiogène ces six derniers mois.
Christophe Nguyen psychologue du travail, tire des conclusions alarmantes des chiffres publiés : « on peut constater des symptômes de dépression et d’épuisement, de situations dégradées et inquiétantes ».Ce sont au total 34% des salariés qui sont en burnout dont 13% en burnout sévère soit 2 500 000 personnes Les populations les plus à risque demeurent les jeunes avec 59% des moins de 29 ans, les femmes qui pointent à 46% et les managers à 43%.
Le télétravail continue à perturber les organisation. 1/3 des managers sont perturbés par cette nouvelle donne, considérant qu’ils ne peuvent plus exercer leur métier comme avant. Montée de l’individualisme et effritement des collectifs de travail, sont les 2 héritages de la période fréquemment évoqué par les managers. Les salariés sont ainsi 43% à trouver que leurs collègues sont plus individualistes qu’avant et 35% qu’il y a plus de conflits.
Vers le grand absentéisme ?
« On a 4 salariés sur 10 qui souhaitent quitter leur organisation. C’est important et c’est en augmentation », remarque le spécialiste. Les raisons sont multiples : mais : les problématiques de rémunération, la reconnaissance (autre que salariale, considération, valorisation), l’évolution professionnelle, l’ambiance de travail, le management. « 60 % de ceux qui veulent partir sont en détresse psychologique. La crise a été un révélateur. On peut estimer qu’ellea doublé les intentions de départ. Ceux qui veulent partir mais ne peuvent pas sont encore plus en détresse psychologique. Cela créé des problèmes potentiels de santé et d’absentéisme. La grande démission, en France, va plutôt être un grand absentéisme ». Plus généralement, « le climat de travail est plus difficile, 55 % des personnes interrogées disent que les clients sont plus agressifs ». Le contexte économique actuel et la guerre Ukraine sont autant de facteur qui aggravent le stress. 30 % des salariés n’arrivent pas à finir le mois. 22 % craignent de tomber dans la pauvreté dans les prochains temps. 20 % sont plus endettés, 13 % doivent trouver des petits travaux non déclarés pour améliorer les fins de mois D’autre part, 70 % des salariés déclarent que l’allongement potentiel de l’âge de départ en retraite crée des craintes de ne pas pouvoir tenir jusque-là.
Face à cela, seulement 28 % des salariés estiment que la direction de l’entreprise est réellement impliquée dans la prévention et 34 % pensent que leur direction se rend compte de l’ampleur du niveau de fatigue chez les salariés.
Au total, c’est un nouveau rapport au travail qui s’instaure. 40 % des salariés ne veulent plus faire le même travail, 60 % pensent que les promesses d’évolution de carrière ne sont plus crédibles. Ainsi, 70 % ne veulent plus devenir manager. « Ce métier est perçu comme trop exigeant et difficile, notamment sur le temps passé », déclare Christophe Nguyen. Et d’ailleurs 33 % des managers regrette de l’être devenu.
2/3 des salariés seront désormais plus exigeants quant aux conditions de travail qui pourraient entraîner des conséquences sur leur santé psychologique. 60% des salariés considèrent que les conditions de travail doivent s’améliorer et 69% d’entre eux se déclarent plus exigeants sur la lutte contre le harcèlement moral ou sexuel au travail à l’avenir.
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