Pour la première fois depuis la crise sanitaire, la santé des dirigeants est fragilisée : 82 % souffrent de maux physiques ou psychologiques
Après avoir affronté tant de crises depuis la Covid, les chefs d’entreprise montrent des signaux palpables d’essoufflement. Les indicateurs sur la santé physique et psychologique des dirigeants, femmes et hommes, sont en baisse. Si la grande majorité des dirigeants estiment encore être en bonne santé physique (85% vs. 90% en 2024), 82% des sondés déclarent ressentir au moins un trouble physique ou psychologique, un taux en hausse de 11 points sur un an (71 % en 2024) et de plus de 20 points sur 3 ans (59 % en 2021).
Dans le détail des secteurs d’activités, on observe d’importantes disparités : 91 % des agriculteurs et 88 % des dirigeants du secteur santé/social évoquent des souffrances, contre 77 % dans le secteur public ou 78 % dans les transports. Tous secteurs confondus, le mal de dos (52 %, +5pts), les troubles du sommeil (48%, +11pts) et les troubles anxieux (48 %) touchent désormais la moitié des dirigeants. Notons également que les douleurs articulaires (+7pts) ou encore les migraines (+5pts) et troubles digestifs (+5pts) sont plus durement ressentis cette année.
Importantes disparités
Depuis 2021, le taux de dirigeants en bonne forme psychologique oscille entre 76 et 80 %. Cette année, ce taux chute à 68 %, soit 8 points de moins qu’en 2024. Si une personne interrogée sur trois en moyenne (32 %) évoque une mauvaise forme psychologique, l’étude révèle des réalités contrastées d’un secteur à l’autre (39 % dans les services aux particulier vs. 25 % dans l’industrie) mais aussi selon le capital détenu (37 % chez les dirigeants avec 100 % du capital vs. 22 % chez les non-actionnaires).
Plus la date de création/reprise s’éloigne, plus l’état de santé psychologique du dirigeant se dégrade. 35 % sont en mauvaise forme lorsque l’entreprise a entre 15 et 20 ans vs. 17 % lorsque l’entreprise a moins de 3 ans. Un delta qui pourrait laisser entrevoir une forme d’optimisme pour les dirigeants qui entament leur projet, et à l’inverse une fatigue mentale installée après de longues années à la tête de l’entreprise.
Le renoncement aux soins reste une constante : 1 dirigeant sur 3 a renoncé à consulter sur l’année et 1 sur 10 ne voit jamais de médecin Faut-il y voir une cause ou une conséquence de la dégradation de leur santé ? Le comportement des dirigeants vis-à-vis de leur suivi médical reste dans tous les cas constant : 11 % des décideurs ne vont jamais voir de médecin (un taux qui s’élève jusqu’à 18% dans l’hôtellerie restauration et 16% dans l’industrie). 34 % ont annulé une consultation médicale dans l’année par manque de temps (cité à 68 %) ou pour privilégier leur activité (cité à 34 %). Un constat strictement identique aux dernières années.
Consommations à risque
La moitié des dirigeants consomme de l’alcool au moins une fois par mois. Ils ne fument pas plus que la moyenne nationale et sont 4 fois moins nombreux à prendre des médicaments contre l’anxiété et la dépression. 52 % des dirigeants indiquent qu'ils consomment de l’alcool au moins une fois par mois et parmi eux, 65 % consomment de manière hebdomadaire. 7 % des sondés consomment quotidiennement de l’alcool, une part identique à la tendance nationale. Une part très minoritaire de dirigeants font usage de stupéfiants et de médicaments Une partie très minoritaire des sondés (2 %) confie consommer des drogues illégales, en-dessous de la moyenne nationale de 3,4 %. De même, l’étude révèle que les chefs d’entreprises sont très peu nombreux (5%) à prendre des médicaments contre la dépression et l’anxiété. Un taux remarquablement bas comparé à la moyenne nationale de 21 %.
La quête de performance reste très à la marge Interrogés sur les occasions où ils consomment alcool, tabac ou drogue, les dirigeants évoquent à 30 % les ‘mondanités professionnelles’, à 52 % des festivités personnelles et à 40 % plutôt chez soi. Pour 24 % des sondés, la consommation n’est liée à aucun contexte particulier. Sur les raisons qui les amènent à consommer, les dirigeants vont plutôt évoquer une quête de plaisir (40 %), de détente (42%) ou par habitude (49 %). La notion de performance (« tenir le rythme ») est finalement très à la marge, évoquée à 8 %.
23 % des chefs d’entreprises interrogés ont une consommation à risque d’alcool, tabac, drogue ou médicament. Par consommation à risque s’entend : - Plus de 8 verres d’alcool par semaine - (et/ou) Fumeur quotidien - (et/ou) Consommation de drogue au moins une fois par mois - (et/ou) Consommation de médicaments au moins une fois par mois.
Parmi ces chefs d’entreprise avec une consommation à risque, seule une poignée reconnait un impact sur son quotidien (8 % des sondés ‘à risque’) et sur son entreprise (4%). Ils font alors état de conséquences plutôt négatives pour eux-mêmes (baisse de la productivité, fatigue chronique) mais des effets plutôt positifs pour leur entreprise (meilleure relation client, hausse du chiffre d’affaires, meilleures relations collaborateurs). Alors qu’1 dirigeant sur 4 reconnaît souffrir ou avoir souffert d’une addiction, seul un petit tiers a cherché à se faire aider 1 dirigeant sur 4 confie souffrir ou avoir déjà souffert d’une addiction dans sa vie. Une grande majorité d’entre eux (60%) n’a pas souhaité se faire aider. Est-ce par crainte de fragiliser leur image et celle de leur entreprise, ou par habitude de gérer leurs problèmes seuls ? Parmi celles et ceux qui ont souhaité être aidés, 74 % se sont orientés vers un professionnel de santé.
(Source : Baromètre Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur et Bpifrance Le Lab)
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