Le fléau de l’illectronisme

Le facture numérique continue de progresser en France

Alors que le télétravail devient une habitude, qu’il ne se passe pas une journée sans entendre parler d’intelligence artificielle, que la politique se fait sur les réseaux sociaux, que le e-commerce est un sujet inépuisable, l’illectronisme reste un problème majeur en France. 15 % de la population connait cette situation où ne personne ne possède pas les compétences numériques de base (rechercher des informations en ligne, communiquer en ligne, utiliser des logiciels, protéger sa vie privée, résoudre des problèmes en ligne) ou ne se sert pas d'Internet (incapacité ou impossibilité matérielle de l'utiliser dans les trois derniers mois).

L’âge est un facteur : plus d'une personne de 60 ans ou plus sur trois est en situation d’illectronisme, 62 % des 75 ans ou plus, contre seulement 2 % des 15-24 ans. Au-delà de cet effet prépondérant de l’âge, l’illectronisme est fortement lié au diplôme, au niveau de vie et à la profession. Ainsi, 9 % des ouvriers sont concernés, contre seulement 2 % des cadres. Si 36 % des retraités sont touchés par l’illectronisme, leur population n’est pas homogène : 51 % des anciens agriculteurs, commerçants et artisans et 53 % des anciens ouvriers sont en situation d’illectronisme, contre 15 % de la population est en situation d'illectronisme en 2021 seulement 23 % des retraités ayant occupé une profession intermédiaire et 10 % des anciens cadres.

Manque de compétences

L’illectronisme est principalement lié à un non-usage d’Internet. En 2021, les personnes qui n'ont pas utilisé Internet au cours des trois derniers mois constituent 91 % des personnes en situation d'illectronisme, même si non-usage et manque de compétences sont certainement liés. La proportion de non-internautes dans la population a cependant diminué de 21 points depuis 2009, de 35 % à 14 %, les personnes âgées comblant notamment une partie de leur retard (-39 points pour les 75 ans ou plus). Le plus souvent, non-usage et non-équipement en accès Internet à domicile (ni connexion fixe, ni connexion mobile) vont de pair.

La protection de la vie privée en ligne est la compétence la moins répandue. Plus d'un internaute sur cinq ne sait pas protéger ses données. En particulier, 68 % des internautes n’ont pas changé les paramètres de leur navigateur Internet pour limiter ou interdire les cookies au cours des trois derniers mois et 63 % n'ont pas limité l’accès à leur profil et au contenu qu'ils ont posté sur les réseaux sociaux. 76 % des internautes ne lisent pas la politique de confidentialité du site qu’ils consultent. Si 72 % des internautes se disent préoccupés par l'utilisation de leurs données à des fins publicitaires, 41 % n’ont pas activé de refus de cet usage au cours de leur navigation en ligne sur les trois derniers mois. Cela rend les personnes les moins compétentes plus vulnérables aux vols de données et aux démarchages.

D’autres manques sont courant : 18 % des internautes ne savent pas utiliser de logiciel, 11 % ne sait pas comment obtenir de l’information, 25 % n’ont pas accès à leur compte bancaire en ligne, 9 % n’envoient pas de courriel…. Cette absence de compétence pour accéder à certaines informations, biens ou services en ligne risque de creuser les inégalités dans un contexte où les démarches administratives sont de plus en plus dématérialisées.

Sans être en situation d’illectronisme, 28 % des personnes ont des capacités numériques faibles, c’est-à-dire qu’elles manquent d’une, deux ou trois compétences parmi les cinq domaines cités que sont la recherche d’information, la communication en ligne, l'utilisation de logiciels, la protection de la vie privée et la résolution de problèmes en ligne. Comme pour l’illectronisme, les personnes avec des capacités numériques faibles sont le plus souvent des personnes âgées, peu diplômées, au niveau de vie modeste, inactives, vivant seules ou en couple sans enfant. De l'autre côté du spectre par rapport à l'illectronisme, 28 % des personnes de 15 ans ou plus sont très à l'aise avec les technologies de l’information et de la communication et détiennent des compétences avancées dans tous les domaines numériques. Ces technophiles sont souvent jeunes : 45 % des 15-39 ans ont des capacités numériques avancées, contre seulement 10 % des plus de 60 ans. Les personnes plus aisées, très diplômées et vivant en France métropolitaine sont aussi plus souvent à l'aise avec le numérique.

(source Insee)

   

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