EBE, BFR, trésorerie, crédit : les TPE dans le rouge

Tous les indicaturs se tendent pour une grande partie des TPE. Et la tendance ne devrait pas s’inverser.

L’observatoire du financement des entreprises, présidé par le médiateur national du crédit, publie un rapport sur l’accès des TPE aux crédits de trésorerie et leur situation économique globale

Il ressort que 30 % des TPE ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires l’an dernier, un phénomène qui se renforce même pour la valeur ajouter, la part des TPE concernées par une baisse s’établissant à 35 %. Si, globalement, le chiffre d’affaires des TPE est en hausse pour la seconde année consécutive (+ 13,1 % après + 12,5 %), la situation demeure extrêmement compliquée pour une très grande portion d’entre elles et qu’il est à craindre que ce volume se renforce en 2023.

Autre indicateur de difficultés, l’excèdent brut d’exploitation qui connaît une diminution de 2,6 % sous l’effet de la progression sensible des charges de personnel et surtout de la quasi-disparition des aides du fonds de solidarité dont les TPE avaient été très largement bénéficiaires, mais la situation est très hétérogène avec quasiment autant de TPE avec une hausse de leur EBE (51 %) que celles avec une baisse (49 %). L’analyse sectorielle des évolutions du chiffre d’affaires, de la valeur ajoutée et de l’EBE des TPE entre 2019 et 2022 confirme le caractère atypique des secteurs de l’hébergement-restauration et, dans une moindre mesure, des autres activités de services dont l’activité a été fortement impactée par la crise de la Covid-19 et qui, pour ces raisons, ont été principalement bénéficiaires des aides du fonds de solidarité.

La dynamique est similaire si l’on considère le taux d’endettement net de la trésorerie. Au total, l’endettement des entreprises et les risques associés sont globalement maîtrisés, mais un tiers des TPE enregistrent une dégradation de leur ratio de levier en 2022.

Frilosité bancaire

Enfin, la trésorerie, qui avait connu une hausse importante en 2021, diminue. Il est trop tôt pour savoir s’il s’agit d’une normalisation somme toute naturelle ou les prémices de baisses encore plus importantes, mais il est clair que si la situation économique ne s’améliore pas, les situations risques de s’aggraver.

Au total, la trésorerie médiane des TPE s’établit à 76 jours de chiffre d’affaires, soit 12 jours de moins qu’en 2021 (– 14 %) mais 25 jours de plus qu’en 2019 à la veille de la crise de la Covid-19 (+ 47 %). Cette situation concerne, à des degrés divers, tous les secteurs d’activité. Dans ce cadre global, en 2022, les situations individuelles apparaissent assez disparates :  50 % des TPE ont une trésorerie supérieure à 76 jours de chiffre d’affaires ;  25 % des TPE ont moins d’un mois de chiffre d’affaires (26 jours) en trésorerie ; 25 % des TPE ont une trésorerie de plus de six mois de chiffre d’affaires.

La crise sanitaire puis le contexte inflationniste ont pesé sur le besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE) des TPE, reflétant ainsi leur besoin de financement à court terme pour faire face aux décalages de trésorerie issus de leurs activités courantes : le montant moyen des BFRE s’est accru de 27 % entre 2019 et 2022, soit une augmentation moyenne annuelle de 8,4 % sur trois ans (cf. graphique 7) mais, après la forte augmentation en 2020, il s’est réduit exprimé en jours de chiffre d’affaires, revenant de 26,5 jours en 2020 à 25,3 jours en 2022. Ces évolutions résultent en partie des rapports de force clients/fournisseurs en matière de délais de paiement : après une hausse des délais clients et fournisseurs en 2020 qui a réduit le solde commercial des TPE, les délais se sont réduits en 2021 et 2022 mais l’accélération plus forte des règlements fournisseurs (– 3 jours) par rapport aux paiements des clients (– 1,6 jour) se traduit par une augmentation de plus d’un jour du solde commercial supporté par les TPE. Dans le même temps, les entreprises sont appelées à rembourser les charges fiscales et sociales pour lesquelles elles avaient bénéficié d’un report ainsi que les prêts garantis par l’État (PGE) dont elles avaient pu bénéficier pendant la crise de la Covid-19. Pour une très grande majorité d’entre elles, ces prêts sont venus abonder directement la trésorerie sans être tirés jusqu’à la fin de la pandémie. À ce stade, le remboursement de ces prêts, tout en contribuant à la baisse des trésoreries disponibles, s’effectue sans difficulté avérée avec, au 30 juin 2023, 15,5 des 39 milliards octroyés aux TPE déjà remboursés (soit une proportion de 40 %, un peu inférieure à la moyenne de 45 % pour toutes les tailles d’entreprises, compte tenu de remboursements anticipés de grandes entreprises). Pour rappel 551 000 TPE ont bénéficié d’un PGE pour un encours total de 39,5 Mds€

Ces tensions sur la trésorerie s’amplifient par les difficultés de l’accès au crédit. Il ne cesse de baisser depuis 2020, pour atteindre 71 % au 1er semestre 2023, un taux nettement inférieur à celui des autres catégories d’entreprises. Par exemple, les TPE rencontrent davantage de difficultés de financement à court terme que les PME (29 % contre 17 %). Les flux bruts annuels de crédits de trésorerie ne devraient pas dépasser 10 Mds€ cette année, bien en dessous des chiffres d’avant Covid (11,3 Mds€ en 2019). Les refus sont justifiés, dans la majorité des cas, pour le niveau insuffisant de l’activité et les perspectives incertaines. Pour une entreprise sur trois il leur a été demandé d’apporter des garanties bien trop importantes. La frilosité des banques gagne manifestement du terrain et le nombre de dossiers éligibles à la médiation du crédit est deux fois plus important qu’en 2019.

   

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