15% des actifs occupés exercent une 2ème activité en 2025
Slasher, francisé en « slasheur » (mot entré dans les dictionnaires Larousse et Robert) désigne un professionnel exerçant au moins 2 activités en parallèle. Ce terme a été popularisé à partir de 2007 aux Etats-Unis avec le livre de Marci Alboher « One person/Multiple careers », et fait référence à la barre oblique du clavier (slash en anglais) : webmarketer / chocolatier ou assistante maternelle / illustratrice.
Depuis dix ans, le Salon SME observe les « slasheurs » français, ces actifs qui cumulent plusieurs activités professionnelles, souvent salariées et indépendantes. L’étude quantitative réalisée pour le Salon SME par l’institut Créatests brosse un portrait de ces pluri-actifs et éclaire les dynamiques entre salariat et entrepreneuriat.
Près de 15 % des actifs occupés cumulent au moins une activité complémentaire rémunérée et déclarée, soit environ 4,3 millions de personnes. Après un pic à 25 % en 2022, certainement lié à la crise Covid, le phénomène semble désormais stabilisé.
Les slasheurs se distinguent par un profil spécifique :
• La pratique séduit principalement les 18–34 ans (24 % des 18–24 ans et 19 % des 25–34 ans), alors qu’elle chute à 9 % après 55 ans.
• Les hommes sont davantage concernés (17 %) que les femmes (12 %).
• 26 % sont slasheurs depuis moins d’un an, tandis que 37 % le sont depuis plus de trois ans, signe d’une pratique installée.
« Pour près de la moitié des slasheurs, l’activité complémentaire est déjà entrepreneuriale. Le slashing est ainsi une porte d’entrée progressive, avec des risques contenus, vers l’entrepreneuriat. Le régime auto-entrepreneur (2/3 en moyenne des créations d’entreprises annuelles) a favorisé la pluri-activité déclarée et démocratisé l’accès à l’entrepreneuriat. La coexistence de statuts salarié/indépendant pour une même personne illustre la disparition de frontières nettes entre salariat et entrepreneuriat. Les trajectoires professionnelles deviennent hybrides, alternant ou cumulant sécurité et autonomie. » commente Alain Bosetti, président du Salon SME.
Motivations : entre revenus et épanouissement
La pluri-activité répond à un double moteur :
• 62 % la pratiquent pour augmenter leurs revenus.
• 38 % cherchent à monétiser une passion ou un hobby.
• Pour 21 %, le slashing est un tremplin vers une reconversion (11 %) ou l’entrepreneuriat à plein temps (10 %).
Une majorité des slasheurs déclarent avoir choisi leur double activité (62 %), contre seulement 7 % qui la subissent. Elle est perçue comme un équilibre entre nécessité et plaisir (47 %), voire comme une source d’épanouissement (37 %). Pour 10% des slasheurs, il s'agit d'un passage obligé ou temporaire en attendant mieux. Et pour 5 %, une contrainte additionnelle, gérée tant bien que mal.
« L’équilibre entre revenus complémentaires et épanouissement personnel explique la pérennité de la pratique. La multi-activité est très minoritairement subie et elle nourrit un engagement choisi. Elle permet d'exprimer la singularité de chacun, tant dans les objectifs que les pratiques au quotidien : "Je fais comme j'ai envie de faire et pas comme on me dit de faire. » ajoute Alain Bosetti.
Si la majorité des slasheurs y consacrent moins de 10 heures par semaine (73 %), certains y voient un véritable second métier : 12 % y passent plus de 15 heures hebdomadaires.
Les revenus restent hétérogènes :
• 47 % gagnent moins de 300 € par mois,
• 33 % entre 300 et 999 €,
• 20 % plus de 1 000 €,
• 2 % dépassent 3 000 €.
Le slashing est souvent un premier pas vers l’entrepreneuriat : 48 % exercent leur seconde activité en indépendants ou micro-entrepreneurs, contre 33 % comme salariés.
Pour trouver leurs clients, les slasheurs privilégient encore leur réseau relationnel et le bouche-à-oreille (45 % vs.63% en 2022) et les plateformes internet (35 %). Mais leurs actions digitales (réseaux sociaux, achat de mots clés, site web, site e-commerce) gagnent en importance : 39 % en 2025 contre 23 % en 2022.
Le développement du slashing brouille les frontières entre salariat et entrepreneuriat. Les parcours deviennent hybrides, mêlant sécurité et autonomie, et favorisent l’apprentissage progressif de l’entrepreneuriat grâce au régime d’auto-entrepreneur. Cette pratique reflète aussi une volonté d’indépendance et d’expression personnelle : « Je fais comme j’ai envie de faire et pas comme on me dit de faire ». Les plateformes internet constituent un atout mais aussi une source de dépendance. L’essor des outils propres (site web, réseaux sociaux, contenus éditoriaux) permet de regagner autonomie et visibilité.
Enfin, le slashing soulève des enjeux RH pour les employeurs. Encadrer et reconnaître cette multi-activité (charte, transparence, aménagements) peut renforcer la fidélisation des collaborateurs et valoriser les compétences transversales acquises.
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