Dynamisme des créations, explosion des radiations : l’entrepreneuriat français dans le brouillard face aux incertitudes françaises et internationales
Un an après les turbulences liées à la dissolution et à l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, le contexte reste difficile pour les entreprises françaises, entre finances publiques sous tension et compétition internationale accrue. Malgré des statistiques de radiations et de procédures collectives alarmantes, l’entrepreneuriat tricolore conserve pourtant un certain dynamisme : l’envie d’entreprendre semble rester intacte, souligne la dernière édition du Baromètre national de entreprises du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce et de Xerfi Spécific.
Au printemps 2025, les entreprises ont fait face à une double instabilité : les potentiels droits de douane imposés par l’État américain (qui inquiètent notamment les secteurs tournés vers l’export) et les instabilités budgétaires nationales. Ces deux facteurs pèsent sur la demande, qui se contracte, et créent une concurrence accrue avec les industriels chinois en quête de nouveaux marchés.
Pourtant, l’envie d’entreprendre demeure en France : 159 000 entreprises ont ainsi vu le jour au deuxième trimestre 2025, en hausse de 9,8 % à un an d’intervalle. Cette dynamique positive témoigne de la résilience de l'esprit entrepreneurial français face aux défis économiques.
Cette hausse de la création d’entreprise ne doit cependant pas masquer des tableaux plus sombres : celui des procédures collectives, en légère hausse (+ 5,3 %), mais surtout celui des radiations (+ 30,6 %), marqué par le doublement de la part des radiations d’office (19,5 % du total de radiations).
Des inquiétudes pour les secteurs de la santé et de la restauration
L'analyse sectorielle révèle des évolutions très différenciées. Les secteurs du conseil et des services aux entreprises (+ 25,3 %) ainsi que l'information et la communication (+ 28,3 %) tirent leur épingle du jeu en matière de créations. Le secteur de l’agriculture est dans une situation paradoxale : si la création recule légèrement (- 4,6 %), on peut également observer une baisse substantielle du nombre de procédures collectives (- 25,4 %).
À l'inverse, l'hébergement et la restauration (- 14,4 %) ainsi que les activités financières et d’assurance (- 13,9 %) peinent à retrouver leur dynamisme. Cette tendance s'explique notamment par les difficultés persistantes liées au pouvoir d'achat des ménages et aux conditions de financement.
Plus inquiétant : les secteurs de l’immobilier et de l'enseignement-santé-action sociale connaissent une forte progression des procédures collectives (+ 41,4 % pour ce dernier), signalant des difficultés structurelles préoccupantes.
Par ailleurs, le dynamisme entrepreneurial se révèle très inégal selon les territoires. Toutes les régions enregistrent une hausse des immatriculations, et six zones voient même leur nombre de procédures diminuer, notamment le Grand Est et Mayotte. À l’inverse, d’autres zones sont plus exposées, notamment les Hauts-de-France (+ 54,9 % de radiations) et les Pays de la Loire (+ 11,9 % d’entreprises en difficulté).
Des chefs d’entreprise qui anticipent
Au deuxième trimestre, le nombre de dossiers détectés continue de reculer et passe sous le seuil des 100 000 au deuxième trimestre 2025, soit une baisse de 20 % à un an d'intervalle. Le nombre de dossiers effectivement analysés connaît une baisse moins marquée de 5 % sur la période, pour atteindre 3 904 dossiers au deuxième trimestre. Cette évolution témoigne d'un changement de comportement des chefs d'entreprise, qui anticipent un climat morose et préfèrent solliciter l’aide des tribunaux de commerce.
L'année 2025 confirme cette tendance positive avec 679 demandes d'entretiens spontanées formulées par les dirigeants au deuxième trimestre, marquant leur volonté croissante de recourir aux procédures préventives. Les 3 199 procédures préventives et collectives ouvertes sur la base des dossiers étudiés en prévention témoignent de l'efficacité du dispositif, avec une progression continue des mandats ad hoc (+ 5 %) et des conciliations (+ 18 %) par rapport à l'année précédente.
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