Défaillances, la cote d’alerte

Avec 13 266 défaillances d’entreprises au 2e trimestre 2023, la France enregistre son plus lourd bilan de 2e trimestre depuis 2016, bien au-delà des niveaux de défauts d’avant crise. Les TPE continuent de payer un lourd tribut.

Le flot des défaillances continue de monter, au risque de se transformer en une marée qui va tout emporter. Les derniers chiffres dévoilés par Altares signalent une augmentation de 35 % des défaillances au 2e trimestre 2023. 13 266 procédures ont été ouvertes et la digue des niveaux d’avant crise est désormais franchie. 55 700 emplois sont menacés, soit 4,2 en moyenne par entreprise, ce qui démontre que les TPE sont les premières victimes. D’ailleurs, 12 130 entreprises défaillantes comptent moins de 10 salariés, soit 91 % du total des procédures. De plus, les trois-quarts sont immédiatement liquidées.  Plus de 1 100 PME et ETI ont aussi fait défaut, du jamais vu depuis plus de 10 ans.

« Le cap des 13 000 défaillances nous ramène à des seuils similaires à 2016, période marquée par les crises financières et européennes. Les activités à destination des consommateurs sont les plus durement sinistrées », résume Thierry Million, directeur des études Altares.

Plus précisément, au 2e trimestre 2006 14 026 défaillances avaient été enregistrées, pour 47 000 emplois menacés. À la même époque en 2019, on était à 12 347 défaillances et 41 000 emplois et l’an dernier à 9 826 et 30 560.  Sur 12 mois glissés, le cap des 50 000 entreprises défaillantes est dépassé. Un seuil similaire à février 2020, juste avant la crise Covid.

Records historiques

Autre signal d’un 2e trimestre particulièrement difficile, le nombre de procédures de sauvegarde (431) est quasiment à son plus haut niveau historique.  Les liquidations judiciaires (LJ) accusent elles aussi une forte accélération. Près de 9400 liquidations ont été prononcées, un nombre proche de celui du T2 2016 (9700). Les procédures de redressement judiciaire (RJ) n’ont, en revanche, pas encore retrouvé les valeurs de 2019. Moins de 3500 redressements ont été ouverts contre plus de 3700 lors du 2e trimestre 2019. « Des redressements judiciaires moins nombreux qu’avant Covid mais des liquidations judiciaires bien plus fréquentes illustrent la profonde détresse financière des entreprises qui font défaut actuellement », souligne Thierry Millon.

Alors que la restauration rapide connait son record historique de défauts, d’autres secteurs enregistrent une sinistralité au plus haut depuis dix ans : le commerce multi-rayon, la coiffure / instituts de beauté, l’aide à domicile, le service aux entreprises, le transport routier de marchandises.

Parmi les autres professions particulièrement touchées, on trouve la restauration assise (au plus haut depuis 2018), les débits de boisson (+ 50 %), le commerce de détail (au plus haut depuis 2016), le commerce d’habillement (+ 76 %), l’industrie manufacturière (au plus haut depuis cinq ans). La construction s’inscrit désormais sur une tendance de hausse rapide (+ 36 %).

Thierry Millon conclut : « Le bilan des trois mois d’été est traditionnellement moins lourd du fait notamment des vacations judiciaires d’août. C’est pourquoi, sauf à ce que les assignations Urssaf accélèrent fortement à la rentrée, le prévisionnel de 55 000 défauts en 2023 reste envisageable. Après 28 500 défaillances à mi-année, le second semestre pourrait alors compter environ 26 000 défaillances. »

   

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