Crise des carburants : l’équation pénurie + stockage

Les difficultés d’approvisionnement dans les stations-service pendant les grèves de l'automone se sont accompagnées de comportements de stockage de carburant par les ménages

L’automne 2022 a été marqué par des grèves dans les raffineries françaises, entraînant une baisse de leur production et des ruptures de stock de carburants dans les stations-service. La production a commencé à baisser en septembre (- 7 %) avant de plonger en octobre (- 46 % par rapport à septembre). La proportion de stations-service en rupture de stock d’au moins un carburant a commencé à augmenter fin septembre, pour atteindre son maximum le lundi 10 octobre (35 % des stations concernées, avec de fortes hétérogénéités selon les territoires) et rester à un niveau élevé sur l’ensemble de la semaine, avant de diminuer progressivement jusqu’à début novembre.

Hausses marquées des dépenses

Les dépenses en carburants ont atteint des niveaux très élevés sur la première quinzaine du mois, puis ont reflué à partir de mi-octobre À l’échelle nationale, sur la première quinzaine d’octobre, la chronique journalière des achats de carburants, tels que mesurés par les transactions par carte bancaire CB, témoigne de hausses marquées, notamment au moment des plus fortes ruptures de stock et juste avant. Au total, sur la première quinzaine d’octobre, le niveau des dépenses en carburants par carte bancaire CB a été près de 25 % supérieur, en moyenne, à la période équivalente en 2019, alors qu’en septembre, il se situait un peu plus de 3 % au-dessus de son niveau de 2019. Ce surcroît de dépenses observé au moment même où les ruptures de stock atteignaient leur maximum peut traduire des comportements de stockage de la part des ménages, par précaution quant à leur approvisionnement en carburant.

À partir de la troisième semaine du mois d’octobre, la part de stations en rupture de stock reste proche du niveau moyen observé sur la première semaine (18 % de stations en rupture la première et la troisième semaines d’octobre) mais les achats de carburant des ménages diminuent fortement, en contrecoup du stockage effectué lors des semaines précédentes. Ces achats se situent même à un niveau nettement plus faible que celui de septembre (-5 % en moyenne sur la seconde quinzaine d’octobre par rapport à la période équivalente en 2019, contre un peu plus de +3 % en septembre).

Des régions épargnées

Certaines zones ont cependant été sensiblement moins touchées durant la période : la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine se démarquent ainsi des autres régions, la part des stations-service de ces régions qui ont été concernées par des ruptures de stock s’élevant à un peu plus de 8 % en octobre, contre 20 % en moyenne dans les autres régions. À l’inverse, l’Auvergne-Rhône-Alpes est la région qui a été la plus touchée en moyenne sur le mois (près de 23 % des stations en rupture de stock en octobre). Les comportements de stockage de la part des ménages s’observent aussi bien dans les régions les plus affectées par les ruptures de stock que dans celles moins touchées En Auvergne-Rhône-Alpes, les achats de carburants par carte bancaire CB ont dépassé de près de 55 % leur niveau du jour équivalent de 2019 au cours de la première semaine d’octobre, quelques jours avant que la proportion de stations-service en rupture de stock dans cette région atteigne son maximum (plus de 40 % de stations concernées le 11 octobre. Les achats de carburants par carte bancaire CB ont également bondi en Bretagne, à peu près au même moment et dans une ampleur similaire, puis à nouveau la semaine suivante de façon encore plus marquée, alors même que la part de stations concernées par les ruptures était plus de deux fois moindre dans cette région.

Cette similitude dans l’évolution des achats de carburants entre des régions différemment concernées par les ruptures de stock suggère des comportements d’anticipation de la part des ménages : ces derniers ont pu être enclins à se prémunir en amont du risque de pénurie, quand bien même il a pu s’avérer par la suite que les livraisons se sont poursuivies dans leur région. Du fait des fortes hausses observées début octobre, les achats en carburants par carte bancaire CB ont augmenté sur le mois , tandis que les transactions liées aux loisirs diminuaient avant de se redresser quelque peu en novembre. 

   

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